Eglises d'Asie

Le Fretilin a remporté 55 des 88 sièges de l’Assemblée constituante lors des premières élections libres organisées dans le pays, élections qui se sont déroulées dans un grand calme

Publié le 18/03/2010




Selon tous les observateurs et les responsables de l’administration des Nations Unies pour le Timor-Oriental, les élections du 30 août dernier se sont déroulées dans un grand calme, les Timorais de l’Est faisant preuve d’une grande maturité citoyenne. Les électeurs est-timorais étaient appelés à désigner les 88 députés de leur Assemblée constituante, une étape décisive sur la voie de l’indépendance complète, prévue au printemps prochain. Le Fretilin (Front révolutionnaire pour un Timor-Oriental indépendant), le parti héritier de la lutte contre l’occupant indonésien, sort sans conteste grand vainqueur de ces élections, mais, avec 57,3 % des voix et 55 sièges, le parti de Mari Alkatiri n’a pas bénéficié du raz-de-marée qu’il escomptait. Cinq sièges lui manquant pour obtenir la majorité des deux tiers nécessaire pour adopter la future Constitution, il devra composer avec les partis plus petits, ce qui n’est pas pour déplaire tant aux responsables locaux de l’Eglise catholique qu’à ceux de l’ONU qui redoutaient la perspective de voir le Timor-Oriental, bientôt totalement indépendant, placé sous la domination d’un parti unique.

La popularité du Fretilin est indéniable : sur les 13 sièges dévolus aux districts (un par district) (1), 12 sont allés au Fretilin qui apparaît donc comme étant en position de force pour dominer le prochain gouvernement. Derrière le Fretilin, viennent différents partis : en deuxième position, avec sept sièges, le Parti démocratique, fondé il y a peu par des étudiants issus du Fretilin et que l’on dit appuyé par Xanana’ Gusmao, très probable premier président du futur Timor-Oriental indépendant ; puis viennent, avec six sièges chacun, le Parti social-démocrate de l’ancien gouverneur Mario Carrascalao et l’Association démocratique sociale du Timor (ASDT) de Xavier do Amaral, chef du Fretilin dans les années 1970 et premier président du Timor-Oriental lors de sa brève période d’indépendance, en décembre 1975. Plusieurs partis, dont les deux formations chrétiennes en lice (le Parti chrétien démocrate et l’Alliance chrétienne démocrate), remportent un ou deux sièges.

Le 12 septembre, la présidente indonésienne, Megawati Sukarnoputri, a reçu dans son palais de Djakarta les principaux leaders actuels du Timor-Oriental. Outre Xanana’ Gusmao, le ministre des Affaires étrangères de l’actuel gouvernement du Timor-Oriental, Jose Ramos-Horta, et Mari Alkatiri, probable Premier ministre du futur gouvernement, étaient présents lors de cette entrevue. Ils étaient accompagnés de Sergio Vieira de Mello, responsable de l’administration des Nations Unies pour le Timor-Oriental. Rompant avec la froideur dont elle a fait preuve depuis deux ans à l’égard du Timor-Oriental, la présidente indonésienne, connue pour son nationalisme, a déclaré qu’il n’avait jamais été prévu que le Timor-Oriental fasse partie de l’Indonésie, son père et fondateur de la nation indonésienne, le président Sukarno, ayant décrété dès l’origine que le territoire de l’Indonésie correspondait à celui des anciennes Indes orientales hollandaises. Le Timor-Oriental, ancienne colonie portugaise, ne faisait donc pas partie de la République d’Indonésie, proclamée en 1950.

Interrogé par l’agence Fides, Mgr Renzo Fratini, nonce apostolique en poste à Djakarta, qui suit également l’Eglise catholique au Timor-Oriental, a rappelé l’engagement de l’Eglise locale dans le passé auprès des Timorais, placés sous la domination souvent brutale de l’armée indonésienne. Selon lui, c’est elle qui a maintenu vivantes les valeurs de justice et de solidarité. « A présent, a-t-il ajouté, il est temps pour les laïcs de se lancer dans la vie sociale et civile. Malgré les incertitudes et les difficultés relatives à la construction du pays, il revient aujourd’hui aux Timorais de prendre leur envol : jusqu’à présent, ils ont été aidés, tout d’abord par le Portugal, puis par l’Indonésie, et, ces deux dernières années, par les Nations Unies. Le défi, c’est de parvenir à l’autosuffisance. Pour renaître, le pays a besoin d’institutions politiques stables ; l’économie doit être reconstruite, les infrastructures rebâties, la société civile relancée ».