Le pape doit se rendre en visite dans un pays majoritairement musulman d’où les catholiques et les orthodoxes émigrent en grand nombre, fuyant la misère économique

Publié le 18/03/2010




Du 22 au 25 septembre, Jean-Paul II devrait se rendre dans la capitale du Kazakhstan, Astana, afin de rendre visite à la communauté catholique de ce pays, une communauté née des persécutions et des déportations de l’ère soviétique et qui souffre ces dernières années d’une forte hémorragie, les fidèles regagnant leurs patries d’origine pour fuir la misère économique régnant dans cette ancienne république de l’URSS.

Les catholiques au Kazakhstan, principalement des Allemands originaires de la région de la Volga, des Polonais et des Ukrainiens, forment une petite minorité aux côtés des Russes principalement orthodoxes et des Kazakhs musulmans. Depuis 1991, date de l’indépendance de la République du Kazakhstan, après l’effondrement de l’Union soviétique, leur nombre n’a cessé de décroître du fait d’une forte émigration des populations d’origine surtout allemande, mais aussi polonaise et lituanienne. Selon Mgr Henry Howaniec, évêque d’Almaty (Alma-Ata), “avant, lorsque vous alliez dans une église, vous pouviez voir des Allemands, des Polonais, des Lituaniens et des Ukrainiens, aujourd’hui, vous rencontrez des Coréens”. Mgr Jan Pawl Lenga, évêque de Karaganda, en 1994, on estimait à 500 000 le nombre des catholiques dans tout le pays ; aujourd’hui, ce chiffre n’est plus que de 300 000 et 50 000 d’entre eux ont une pratique régulière.

Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’Eglise a vécu une véritable renaissance. Selon le P. Raymond Conard, grâce à l’aide financière reçue de l’étranger, les catholiques allemands ont rebâti nombre d’églises, mais, ajoute-t-il tristement, certains de ces lieux de culte sont aujourd’hui vides. En dix ans, 700 000 du million d’Allemands vivant au Kazakhstan ont quitté le pays. “C’est triste car la foi de ces gens était solide, mais, une fois l’indépendance acquise, le chômage a grimpé en flèche et plus rien ne les retenait ici”, se désole-t-il.

Selon Mgr Howaniec, les Russes quittant également le pays, l’avenir du Kazakhstan se trouve non plus entre les mains des populations d’origine européenne mais entre celles des Kazakhs eux-mêmes. Le regain de l’islam dans les républiques d’Asie centrale, y compris l’émergence d’un islam fondamentaliste, constitue une difficulté de plus pour l’Eglise. Certes, les autorités respectent toutes les religions et, en 1998, le Kazakhstan a été la première des anciennes républiques de l’URSS à conclure un accord avec le Saint-Siège (1), mais, estime le P. Conard, l’Eglise catholique doit prendre garde à ne pas apparaître comme cherchant à convertir les Kazakhs, considérés comme musulmans.