Eglises d'Asie – Inde
Les religions minoritaires protestent contre une tentative du gouvernement visant à restreindre les contributions financières reçues de l’étranger
Publié le 18/03/2010
Les chrétiens et les autres minorités religieuses soupçonnent les groupes hindouistes militants d’avoir eu l’initiative de la réforme gouvernementale. Ces derniers, prétendant que les fonds venant de l’extérieur sont, en réalité, employés par les chrétiens à la conversion des populations déshéritées et, par les musulmans, à mener des activités anti-nationales, chercheraient à les retreindre. Le nouvel amendement concernera, en effet, principalement les organisations humanitaires et sociales des minorités religieuses. Comme l’a fait remarquer Anil Singh, directeur du Réseau des activités bénévoles, avec le nouvel amendement, le gouvernement sera libre de favoriser l’association qui lui plaira et l’obtention d’une autorisation deviendra “une entreprise titanesque” pour les minorités religieuses, dans un pays comportant 597 districts. Seules les organisations bénéficiant d’un soutien politique seront à même de survivre.
Cette discrimination à l’encontre des œuvres sociales des religions minoritaires est d’autant plus injuste que les fonds reçus de l’étranger par les groupes hindous sont tout à fait considérables. Les statistiques gouvernementales montrent que les prêtres hindous, qu’ils soient modérés ou partisans de la ligne dure, ainsi que les organisations culturelles hindoues, viennent largement en tête pour le montant total des contributions financières reçues de l’étranger. Le P. Francis de Britto, porte-parole du diocèse de Vasai, a précisé que le total des sommes reçues par les chrétiens en Inde ne représentaient seulement qu’un dixième de ce que recevaient les groupes hindous et les partis politiques. Cette situation a fait dire à Mgr Valerian D’Souza, évêque catholique de Pune : “C’est un éléphant à tel point effrayé par une fourmi qu’il veut l’écraser”.
Les protestations à la nouvelle initiative gouvernementale se sont élevées de partout en Inde. L’argument invoqué la plupart du temps est la nécessité de l’aide étrangère pour secourir la pauvreté en Inde. Le directeur de Caritas India, le P. John Noronha, a déclaré que la mesure affectera, en premier lieu, les pauvres de l’Inde. Pour sa part, le dirigeant sikh, Omkar Singh Thapar, membre du comité de gestion des temples de Delhi, a pressé le gouvernement de ne pas heurter la sensibilité des minorités religieuses en restreignant leurs activités caritatives. Les centres sikhs qui ont en charge des milliers d’orphelins handicapés et de personnes âgées ne pourront continuer leurs activités avec la seule aide du gouvernement. A cet argument, les représentants des minorités religieuses ajoutent des accusations mettant en cause les intentions réelles cachées sous le projet d’amendement. Du côté chrétien, même si l’on admet, comme le porte-parole de la Conférence épiscopale, que la loi de 1976 avait besoin d’être améliorée pour prévenir les abus, on ne doute pas que la nouvelle mesure cache la volonté de restreindre les activités sociales des groupes non hindous. Un militant laïque de Mumbai (Bombay) n’hésite pas à dire que le gouvernement a proposé cet amendement à cause de l’irritation provoquée chez les groupes hindouistes par les activés chrétiennes au profit des ethnies défavorisées, des basses castes et des couches défavorisées de la population.