Eglises d'Asie

Les responsables de la formation sacerdotale s’inquiètent d’un déficit de spiritualité chez les séminaristes

Publié le 18/03/2010




Du 10 au 13 juillet dernier, recteurs, directeurs spirituels, enseignants des six grands séminaires du Vietnam, au total une trentaine de représentants, ont participé, dans les locaux du grand séminaire de Can Tho, à une réunion, maintenant annuelle, destinée à échanger leurs expériences concernant la formation au sacerdoce. Cette année, les participants ont surtout concentré leur attention sur la formation spirituelle des futurs prêtres, une formation que, d’un commun accord, ils ont qualifié de déficiente. Cette lacune est d’autant plus grave que, comme l’a fait remarquer l’archevêque de Huê, Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, la spiritualité constitue la base essentielle de toute la préparation au sacerdoce.

Selon les participants, le déficit actuel dans le domaine de la spiritualité tient à plusieurs facteurs qui ont été énumérés, à savoir les influences conjuguées du matérialisme ambiant et de l’esprit de consommation, l’absence de formation préalable en matière spirituelle due à la disparition des petits séminaires, l’insuffisance du bagage culturel acquis lors des études secondaires dans les établissements publics. Les formateurs ont souligné la bonne volonté rencontrée chez les séminaristes mais ont aussi mis en relief la difficulté pour ces derniers qui commencent leur formation à l’âge adulte d’améliorer leur comportement et de transformer leur spiritualité. On a conclu que, désormais, la responsabilité d’une première initiation à la vie spirituelle incombait grandement aux familles et à l’entourage paroissial.

Cependant toutes les remarques sur ce sujet n’ont pas été uniquement négatives et certains ont exalté les progrès constatés chez les candidats au sacerdoce après plusieurs années au grand séminaire au cours desquelles, chaque semaine, deux heures d’enseignement de la spiritualité leur ont été dispensées. Le rôle du directeur spirituel a également été mis en relief. Les débats de la réunion de Can Tho ont fait apparaître l’importance du stage pastoral des séminaristes dans le processus de formation spirituelle. A l’heure actuelle, il arrive que les séminaristes consacrent un an ou deux ans à cet engagement pastoral, en abandonnant provisoirement leurs études théoriques. Ils peuvent aussi, au cours de leur formation de six ans, consacrer leurs vacances d’été au travail pastoral.

Les recteurs, directeurs et enseignants de séminaire réunis à Can Tho ont également rédigé une pétition adressée au Bureau des Affaires religieuses par l’intermédiaire de la Conférence épiscopale. Il a été demandé, pour faciliter l’enseignement des matières principales, de réduire le temps accordé à l’instruction civique, matière imposée par le gouvernement. Les auteurs de la pétition sollicitent également la suppression d’un certain nombre de restrictions bien connues imposées aux séminaires par les pouvoirs publics. Elles concernent le nombre de candidats au séminaire par diocèse, aujourd’hui fixé par les autorités civiles, l’approbation préalable par le pouvoir civil des séminaristes avant l’ordination sacerdotale. A également été demandée l’autorisation d’ouvrir en chaque diocèse un établissement pédagogique préparant l’entrée au séminaire. Les responsables de séminaires souhaitent également que les enseignants puissent circuler librement dans tout le pays et dispenser leur enseignement en dehors de leurs diocèses de résidence. Enfin, en dernier lieu, les auteurs de la pétition ont exprimé leur inquiétude du retard apporté à la création d’une annexe du séminaire de Hô Chi Minh-Ville, annexe dont l’installation est prévue à Xuân Lôc.