Eglises d'Asie

Après le déroulement pacifique des élections du 30 août dernier, le retour des réfugiés est-timorais présents au Timor occidental s’accélère petit à petit

Publié le 18/03/2010




Rassurés par les élections législatives du 30 août dernier qui se sont déroulées dans un grand calme (1), les réfugiés est-timorais présents au Timor occidental depuis le référendum d’août 1999 et les violences qui ont suivi (2) regagnent peu à peu leur patrie. Le 14 septembre dernier, 961 d’entre eux ont rejoint leur village d’origine, à Ainaro, et le 19 septembre, c’était au tour de 253 autres de regagner leurs maisons dans le district de Covalima. A ces deux dates, Alexandre Xanana’ Gusmao, futur président du nouvel Etat, et des représentants de l’UNTAET, l’organe des Nations Unies responsable de la transition du Timor-Oriental vers l’indépendance complète, ont accueilli les réfugiés en leur souhaitant : “Bienvenue sur votre terre natale”.

Le retour des réfugiés s’est effectué par le pont de Motamasin, principal point de passage entre les deux territoires. Ils étaient escortés par des responsables de la police et des militaires indonésiens. Le général Willem da Costa, chef de la région militaire du Timor occidental, leur a déclaré que l’Indonésie respectait leur décision de retourner chez eux : “Par votre retour dans votre pays d’origine, vous ne trahissez pas l’Indonésie.” En réponse, et devant Xanana’ Gusmao et les représentants de l’UNTAET et du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies, Fransisco Lopez de Carvalho, qui s’était rangé aux côtés de l’Indonésie lors des violences de l’après-référendum de 1999, a lu une déclaration en dix points au nom des réfugiés qui l’accompagnaient. Ce “rapatriement, a-t-on pu entendre, est un moment historique où, en toute sincérité, nous décidons de revenir à Timor Lorosae (Timor-Oriental) et, en même temps, de changer nos perceptions, attitudes, langages et convictions politiques. Pour le salut de la paix et de l’intégrité de la nation est-timoraise, nous acceptons et soutenons les résultats du référendum du 30 août 1999. Nous promettons de nous défaire de nos concepts et vocabulaires pro-indonésiens et d’essayer d’être de bons citoyens responsables de Timor Lorosae. Nous demandons pardon au peuple de Timor Lorosae, particulièrement aux familles des victimes. Nous félicitons et soutenons la victoire du Fretilin lors des élections du 30 août dernier et nous espérons que ce parti pourra coopérer avec les Nations Unies et maintenir de bonnes relations avec tous les éléments socio-politiques (du Timor-Oriental).” Enfin, remerciant tous les acteurs indonésiens et est-timorais – dont l’Eglise catholique – qui se sont occupés de la question des réfugiés est-timorais au Timor occidental, Fransisco Lopez a appelé au rapatriement immédiat de tous les réfugiés est-timorais encore présents en Indonésie, précisant que ceux qui restent “seront exploités et manipulés par d’autres”.

Après le référendum de 1999, environ 280 000 Est-Timorais avaient quitté, de gré ou de force, le Timor-Oriental. Réfugiés pour la plupart d’entre eux au Timor occidental, ils ont vécu dans des camps contrôlés, avec le soutien tacite de l’armée indonésienne, par des milices pro-indonésiennes. En juin dernier, les autorités indonésiennes ont organisé une consultation auprès de ces réfugiés d’où il ressortait que 98 % d’entre eux se prononçaient pour une installation définitive en Indonésie (3). Les résultats de cette consultation ont été fortement contestés, les observateurs soulignant les pressions exercées sur les réfugiés par les milices. 115 540 réfugiés avaient été à cette occasion recensés mais il semble que leur nombre ait été surestimé. Il serait à l’heure actuelle environ 60 000.