Eglises d'Asie

Un colloque international organisé à l’université Fu Jen de Taipei passe en revue les apports des premiers missionnaires catholiques à la catéchèse et leur adaptation au contexte chinois

Publié le 18/03/2010




Du 7 au 9 septembre dernier, une centaine d’universitaires et de membres de l’Eglise catholique, venus d’Europe, de Hongkong, de Singapour, des Etats-Unis et de Taiwan, se sont réunis à l’université catholique Fu Jen de Taipei pour faire le point de leurs recherches au sujet de “l’Histoire de l’Eglise catholique et de la catéchèse en Chine”. Le colloque était conjointement organisé par la fondation Ferdinand Verbiest de l’université catholique de Louvain, en Belgique, et par le Centre de recherche et de documentation de Fu Jen. Les exposés ont porté sur des sujets aussi variés que le travail de missionnaires qui ont prêché en Chine entre les XVIIe et XXe siècles ou le développement des études catéchétiques à Hongkong et à Taiwan ces dernières décennies.

Le 7 septembre, introduisant les présentations et les débats, le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung et président de la Conférence des évêques catholiques de Taiwan, a invité les chercheurs à laisser de côté les préjugés nés de l’histoire afin de mener un travail scientifique pour décrire et analyser les aspects positifs de l’histoire de l’Eglise catholique en Chine comme ses côtés moins honorables. Soulignant le fait que de nombreux documents et écrits des archives de l’Eglise n’ont pas été étudiés depuis plusieurs siècles, le cardinal a ajouté qu’en dépit de la fameuse querelle des rites, qui s’est achevée au XVIIIe siècle par le refus du Vatican d’approuver les efforts d’adaptation entrepris par certains missionnaires, de nombreux universitaires aujourd’hui n’ont pas conscience que Rome avait fondamentalement adopté dès cette époque une attitude positive au sujet des efforts d’inculturation des missionnaires. A ce titre, il a particulièrement regretté que les autorités de la République populaire de Chine n’aient pas permis aux douze Chinois du continent – deux prêtres catholiques et dix universitaires non catholiques -, qui étaient invités au colloque, de se rendre à Taiwan (1). “Leur absence ici n’est pas seulement une perte pour nous mais également pour eux”, a-t-il déclaré.

Outre des jésuites comme Matteo Ricci, Johann Adam Schall ou Ferdinand Verbiest, dont l’œuvre est relativement bien connue, de nombreux autres missionnaires aux XVIIe et XVIIIe siècles ont contribué aux échanges culturels et scientifiques entre l’Orient et l’Occident ainsi qu’au travail d’évangélisation. A titre d’exemple, le cardinal Shan a cité le jésuite Philippe Couplet qui a été le premier à introduire Confucius en Occident en 1687 avec son ouvrage Confucian Sinarum Philosophus, suivi en 1711 par le jésuite François Noël qui a publié une traduction latine des œuvres de Mencius.

Différents intervenants ont présenté le travail de prêtres chinois ou étrangers qui, très tôt, ont traduit, adapté, écrit des livres afin de donner du matériel de catéchèse à un clergé peu nombreux et à des communautés catholiques dispersées. Le P. Jean Charbonnier, des Missions Etrangères de Paris, et Robert Entenmann, du département d’histoire de l’université St. Olaf, aux Etats-Unis, se sont attachés à la vie et l’œuvre du P. André Li (1692-1775), prêtre diocésain du Sichuan (2). Le dominicain Miguel San Roman a présenté le Témoignage de la Vraie Foi, un des premiers livres de catéchèse écrit en chinois ; utilisé durant la dynastie des Ming (1368-1644), cet ouvrage est, selon lui, quasiment inconnu des chercheurs d’aujourd’hui qui s’intéressent à l’histoire de l’évangélisation et de la catéchèse en Chine. De nombreuses autres interventions se sont attachées à montrer qu’aussi bien dans les premiers temps de l’évangélisation qu’au XXe siècle, de très nombreux missionnaires et prêtres chinois ont développé des outils de catéchèse en chinois, adaptés au contexte local rencontré dans les différentes régions du pays.