Eglises d'Asie

A la suite de la Conférence contre le racisme de Durban, un centre d’études sur la question dalit est fondé par des chrétiens à New Delhi

Publié le 18/03/2010




Dans la lignée de la Conférence internationale contre le racisme qui s’est récemment tenu à Durban (1), un centre d’études sur la question dalit a ouvert ses portes le 28 septembre à New Delhi. Le vénérable Jamas Massey et le Centre de communication contextuelle sont à l’origine de cette initiative qui a reçu l’appui et la collaboration de la Commission pour les défavorisés de la Conférence épiscopale indienne. Le P. S. Lourduswamy, secrétaire de cette commission et administrateur honoraire du Centre, a présenté sa création comme “une tentative interconfessionnelle destinée à aider le développement de la sensibilité à la question des dalits ». Le centre travaillera, a-t-il dit, à inclure dans son action toutes les religions.

Lors de l’inauguration du centre à laquelle participaient Mgr Oswal Gracias, secrétaire général de la Conférence épiscopale, et Mgr Chinappa, évêque de Vellore, présent à la Conférence de Durban, le P. S. Lourduswamy et le pasteur J. Massey ont chacun à leur tour détaillé sur les objectifs du Centre et les tâches qu’il compte mener. D’une façon générale, le centre souhaite œuvrer pour l’élaboration d’une théologie dalit et aider les chrétiens à donner une réponse adéquate à l’injustice faite aux dalits. Le mot “dalit”, tiré du sanscrit, qui, à l’origine, signifie “brisé”, est aujourd’hui utilisé pour désigner les castes inférieures qui n’ont aucun statut dans le système social traditionnel de l’Inde. Selon les estimations des Eglises catholiques locales, les dalits en Asie sont au nombre de 240 millions. La grande majorité vit en Inde. Les castes étant déterminées par la naissance, le changement de religion ou encore l’acquisition d’un niveau économique élevé n’aident point les dalits à échapper à la discrimination dont ils sont victimes.

Le programme des cours dispensés au Centre a été conçu par l’université catholique de Nimègue et l’université protestante de Vrije aux Pays Bas. Ils seront sanctionnés par les diplômes de maîtrise et de doctorat. L’enseignement sera ouvert à tous, mais les dalits, pour lesquels des bourses d’études sont prévues, y auront un accès préférentiel. Tous ceux qui sont déjà engagés au service des dalits pourront trouver une formation de base à l’intérieur du centre.

Le projet de Centre d’études sur la question dalit est, en fait, assez ancien. Mais ce que l’on peut appeler l’échec de la Conférence de Durban a accéléré les efforts de ceux qui travaillent à réparer l’injustice commise contre le peuple dalit. Au cours de la séance inaugurale, les dirigeants dalits et les divers militants se sont engagés à continuer leur lutte, même si à Durban ils n’ont pas réussi à rassembler assez de soutien pour inclure la discrimination de caste à l’intérieur de la déclaration finale de la Conférence.

La Conférence des Nation Unies sur “le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance”, qui s’est terminée le 7 septembre, a, en effet, exclu de sa déclaration finale la phrase concernant les dalits, “la discrimination fondée sur la profession et la généalogie” à la suite des pressions exercées sur les travaux de la Conférence par les représentants officiels du gouvernement indien. Malgré cela, les délégués gouvernementaux à Durban se sont plaints que des militants chrétiens aient transporté jusqu’à Durban leur campagne pour les droits des dalits.