Eglises d'Asie

Après plus de quarante ans d’interruption, un religieux cistercien a été ordonné prêtre dans le monastère de Châu Son du diocèse de Phat Diêm

Publié le 18/03/2010




Tout le monde s’accorde à qualifier d’événement historique la récente ordination du P. Joseph Bui Van Hung, religieux cistercien, une célébration présidée par le cardinal Joseph Pham Dinh Tung, qui a eu lieu le 2 juillet dernier, à l’abbaye de Châu Son dans le diocèse de Phat Diêm au Nord-Vietnam. En effet, non seulement cette célébration – qui fut discrète – a marqué le début du renouveau d’un monastère dont la vie a été perturbée depuis 1954, mais aussi et surtout la renaissance de la vie religieuse au Nord-Vietnam, le P. Hung étant le premier religieux ordonné prêtre au Nord-Vietnam, depuis la division du Vietnam en deux parties en 1954. Le P. Antoine Doan Minh Hai qui dessert la paroisse la plus proche du monastère a confié que cette ordination avait été pour lui le signe de la lueur d’espoir qui brille à nouveau sur une communauté religieuse après tant d’années d’adversité.

L’abbaye fut fondée en 1936 au pied d’une montagne appelée la “Montagne de la perle” (Châu Son), dans le district de Nho Quan, par celui qui devint plus tard évêque de Phat Diêm et se fit connaître par le rôle qu’il joua dans l’histoire de l’époque, Mgr Thaddée Lê Huu Tu. Le monastère était en pleine prospérité en 1954 avec 200 religieux dans ses murs et quelque 2 000 catholiques vivant sur son domaine. Lors de l’exode qui suivit les accords de Genève, toute la communauté, sauf un religieux, se joignit à la vague des réfugiés. Une partie de la communauté s’installa à Thu Duc et à Phuoc Ly, près de Saigon, tandis que l’autre moitié créait un nouveau monastère à Don Duong, dans la province de Lâm Dông. Divers nouveaux monastères furent créés dans le Sud au cours des années qui suivirent.

Un seul religieux, le P. Joseph Ha Tâm Su, était resté sur les lieux. Pendant plus de quarante ans jusqu’à sa mort en 1998, à l’âge de 85 ans, il s’occupa de l’abbaye abandonnée et partiellement en ruines. Depuis sa mort, c’est le curé voisin, le P. Hai, qui assure la messe toutes les semaines. Selon les chrétiens des environs, le monastère abrite aujourd’hui deux religieux officiellement reconnus comme tels par le gouvernement. Cinq autres ne sont considérés par les autorités locales que comme des résidents provisoires. Dix jeunes gens, semble-t-il, sont en cours de formation à l’intérieur du monastère.

C’est en 1918 qu’eut lieu la première fondation cistercienne au Vietnam dans une région reculée de la province du Quang Tri au nord du fleuve Ben Hai qui, pendant un temps, après les accords de Genève, servit de frontière entre le Nord et le Sud-Vietnam. Ce premier monastère, appelé Phuoc Son ( la montagne du bonheur’), fut créé a l’initiative du P. Henri Denis, prêtre des Missions étrangères de Paris, qui se fit religieux sous le nom de P. Benoît pour mener à bien cette fondation et assurer la formation des premiers membres de la congrégation, dont il fut aussi le premier abbé. En 1920, comme il ne suffisait plus à la tâche, l’évêque de Huê fit appel au P. Mendiboure, un missionnaire de 43 ans, pour le seconder. Lui aussi se fit religieux et, après le décès du P. Benoît, mort d’épuisement, il fut consacré abbé en même temps qu’il prononçait ses vœux perpétuels. Un autre prêtre des Missions étrangères de Paris vint les rejoindre en 1941, le P. Gilbert Barnabé. Le P. Mendiboure est mort de privation et de maladie sans doute en janvier 1954 alors qu’il était détenu par les Viet Minh depuis le mois d’avril 1953.