Eglises d'Asie

Kerala : les responsables de l’Eglise syro-malabare démentent avoir essayé d’influencer les dernières décisions du Saint-Siège relatives à l’administration de leur Eglise

Publié le 18/03/2010




Le porte-parole de l’Eglise syro-malabare, le P. Paul Thelakat, vient d’apporter un démenti formel aux critiques publiques portées par un certain nombre de prêtres et de laïcs contre les dirigeants de cette Eglise orientale catholique implantée au Kerala. Aux accusations qui faisaient grief à ces derniers d’avoir usé de leur influence auprès du Saint-Siège pour le guider dans les nominations épiscopales et dans certaines de ses décisions, en particulier celles qui portent sur la création de nouveaux diocèses, le P. Thelakat, s’adressant aux membres du Comité d’Action liturgique où sont réunis les principaux prêtres et laïcs protestataires a répliqué : “De telles allégations sont le fruit de leur imagination 

Il est vrai que le Comité d’Action liturgique qui s’est réuni plusieurs fois en séance plénière au cours des mois d’août et de septembre n’avait pas ménagé ses critiques à l’égard des récentes nominations d’évêques qui auraient été “téléguidées” par la direction actuelle de l’Eglise syro-malabare. Selon les membres du Comité, les 3,5 millions de catholiques syro-malabares ont été surpris et choqués par l’arbitraire des récentes nominations. P.T. Chacko qui appartient au groupe des protestataires a déclaré que ces nominations conduiraient l’Eglise vers la division en approfondissant les problèmes existants.

La contestation porte également sur la création de nouveaux diocèses, en particulier le dernier érigé, à savoir l’éparchie Saint Thomas de Chicago, situé hors de l’Inde et s’étendant sur les Etats-Unis et le Canada. Selon le Comité d’action liturgique, cette création serait due à la pression exercée sur les autorités romaines par une faction de l’Eglise syro-malabare de tendance plutôt conservatrice en matière de liturgie, conduite par l’archevêque Joseph Powathil, de Changanacherry. C’est à la protection de ce dernier que l’ordinaire de l’éparchie Saint Thomas nouvellement créée, Mgr Jacob Angadiyath, devrait sa nomination. Les quelques prêtres syro-malabares qui travaillent aux Etats-Unis depuis plus de trente ans auraient été extrêmement surpris en apprenant l’identité du responsable du territoire ecclésiastique nouvellement érigé. D’une façon générale, ajoutent les membres du Comité d’Action liturgique, on fait pression sur le Saint-Siège pour qu’il ne nomme que des évêques appartenant à la faction de Changanacherry. En outre, les membres du Comité soupçonnent la faction rivale de vouloir multiplier les diocèses syro-malabares en en créant à Bangalore, Chennai, Delhi, et même en Allemagne.

Le P. Thelakhat s’est vivement élevé contre les allégations du Comité d’Action liturgique. Aucun évêque, selon lui, n’a essayé d’influencer le Vatican. La création de diocèses et la nomination des évêques est du seul ressort du Saint-Siège. Le P. C. Aniyankunj, chargé des relations publiques pour l’archidiocèse de Changanacherry, mis en cause par le Comité d’action liturgique, a, lui aussi, déclaré que les accusations étaient sans fondement et qu’elles ne pouvaient que ternir l’image de l’Eglise de rite oriental. Il a démenti que Mgr Powathil ait joué un rôle quelconque dans la nomination de l’ordinaire de l’éparchie Saint Thomas. Il a également fait remarquer que, seul, le synode syro-malabar a le pouvoir de recommander la nomination d’un évêque ou la création de nouveaux diocèses.

Le Comité d’Action liturgique qui a son siège à Kochi, capitale commerciale du Kerala, et comporte 4 000 membres, a déjà, dans les années passées, soulevé un certain nombre de problèmes concernant la liturgie syro-malabar (1) et l’administration de l’Eglise. Son porte-parole a déclaré qu’en prévision de futures nominations épiscopales, le Comité projetait de présenter un mémorandum au pape pour le mettre en garde contre l’influence exercée sur lui par les évêques locaux en matière de nominations épiscopales et de créations de diocèses.

Depuis près de deux décennies, deux tendances rivales s’opposent à l’intérieur de l’Eglise syro-malabare. L’une menée par l’archevêque de Changanacherry voudrait restaurer la liturgie et les traditions anciennes. L’autre groupe implanté surtout dans l’archidiocèse de Ernakulam-Angalamy aspire au contraire à des réformes et à une modernisation de l’Eglise.