Eglises d'Asie

Les autorités provinciales de Huê procèdent, à la faveur de la nuit, à des constructions sur le domaine du monastère de Thiên An

Publié le 18/03/2010




Les autorités civiles provinciales continuent, en cachette, la mise en place d’un Centre de loisirs sur le domaine du monastère de Thiên An, près de Huê. Certains pensaient qu’elles avaient été impressionnées par les protestations qu’avait faient naître leurs premières tentatives pour s’emparer des terres du monastère (1). En effet après avoir, le 27 mars 2001, publiquement inauguré les travaux destinés à transformer 102 hectares du domaine du monastère en Centre de loisirs provincial, elles avaient semblé délaisser quelque peu leur entreprise et l’on n’avait pas constaté de progrès dans l’édification du nouveau parc. Certes, auparavant, grâce à un rapport envoyé au pouvoir central, certifiant que les terres du monastère de Thiên An étaient sans propriétaires, les autorités de la province de Thua Thiên Huê avaient pu extirper du Premier ministre un ordre de réquisition des terres. Mais les religieux avaient multiplié les lettres de protestation envoyées au pouvoir central. Plus encore, s’étant aperçus que leurs lettres étaient bloquées à la poste de Huê, ils avaient envoyé un émissaire à Hanoi rencontrer le Premier ministre et lui exposer leurs protestations. A la même époque, à la fin du mois d’avril, une lettre signée par une quarantaine de prêtres de Huê, donnant leur accord total aux revendications des bénédictins de Thiên An (2), était venue renforcer la pression exercée sur le pouvoir local.

Le silence et le calme ont donc régné quelque temps sur les chantiers, précisément jusqu’au 24 septembre dernier, date à laquelle un groupe de personnes se promenant autour du lac de Thuy Tiên, une des attractions du domaine bénédictin, que les autorités civiles comptent exploiter à leur profit, entendit le bruit de vives disputes (3). Arrivés sur les lieux, les promeneurs constatèrent l’existence d’une construction dont on était en train de poser les fondements. Des ouvriers s’apprêtaient à verser du béton sur quatre armatures en fer. Près de là, les promeneurs constatèrent la présence d’un groupe de moines du monastère s’efforçant d’empêcher la progression d’une voiture transportant des briques. D’autres religieux faisaient en sorte de contrarier le versement du béton. Ce faisant, les religieux demandaient à l’équipe des travailleurs de leur montrer leur autorisation professionnelle, le texte du contrat de travail et l’autorisation de construire sur le domaine du monastère. Aucun papier ne portant le nom du propriétaire des lieux, les religieux firent remarquer aux ouvriers que la terre leur appartenait même s’ils étaient en conflit sur ce sujet avec les autorités locales. En conséquence, la construction entreprise à leur insu était totalement illégale. Les travailleurs ainsi interpellés et interrompus dans leur entreprise avouèrent construire un bâtiment destiné à abriter une installation électrique et ignorer totalement quels étaient les véritables propriétaires des lieux.

Depuis ces incidents, l’expérience leur ayant montré que les promoteurs du Centre de loisirs faisaient progresser leur entreprise de préférence la nuit, les moines montent la garde près de la nouvelle construction.

A la même époque, la télévision de Huê a répété plusieurs jours le même avis demandant aux personnes ayant une tombe familiale sur la colline de Thiên An, ou une maison près de là, de se présenter à la police afin d’obtenir une compensation financière, en échange du déplacement de la construction leur appartenant. D’autres nouvelles ont été propagées par la télévision, ou lancées dans l’opinion publique, selon lesquelles le monastère de Thiên An s’opposait à un ouvrage d’un grand intérêt social. Des policiers sont venus trouver l’abbé du monastère pour lui demander de prendre des sanctions contre les religieux extrémistes qui avaient engagé des hostilités contre les ouvriers travaillant sur la colline de Thiên An et qui, depuis, montent la garde auprès du poste électrique.