Eglises d'Asie

Les responsables des communautés chrétiennes du pays appellent au calme et espèrent que les manifestations anti-américaines ne dégénéreront pas

Publié le 18/03/2010




Commentant les manifestations quasi-quotidiennes de musulmans protestant contre les frappes américaines en Afghanistan (1), le révérend Ishak Lambe, secrétaire général de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, a exprimé l’espoir, le 8 octobre dernier, que les extrémistes musulmans s’abstiendraient de recourir à la violence. “Nous respectons leurs actes comme étant l’expression de leur solidarité avec les Afghans. Les chrétiens doivent comprendre que les musulmans ont le droit de sympathiser avec leurs frères et sœurs afghans”, a-t-il notamment déclaré. Appelant les chrétiens à rester calmes, le responsable protestant a défini la situation comme étant un problème entre les Etats-Unis et l’Afghanistan plus qu’une question mettant aux prises chrétiens et musulmans.

A Djakarta, le gouverneur de la ville, Sutiyoso, a appelé les responsables religieux, de tous horizons, à se montrer unis et prêts à faire face à d’éventuels débordements inspirés par les sentiments religieux des uns ou des autres. Dans une interview diffusée le 9 octobre sur les ondes d’une radio privée de la capitale indonésienne, Ja’far Umar Thalib, chef des Laskar Jihad, les “combattants de la guerre sainte” qui se sont “illustrés” ces dernières années aux Moluques (2), a déclaré que son mouvement disposait de 10 000 hommes prêts à “être envoyés en Afghanistan ou à entreprendre quelque chose quelque part pour défendre l’islam”.

Par ailleurs, le 8 octobre, le Conseil des oulémas indonésiens a invité les autorités du pays à rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Son secrétaire, Dien Syamsuddhin, a rendu public un communiqué où l’on peut lire : “Nous condamnons fermement les attaques menées en Afghanistan par les Etats-Unis et leurs alliés car elles sont contraires à la Constitution indonésienne qui prône la paix et l’élimination du colonialisme”. Les deux grandes organisations musulmanes de masse du pays, la Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah, ont pour leur part appelé leurs membres et tous les musulmans du pays à s’abstenir de passer leur colère sur les expatriés et les étrangers présents en Indonésie. Le chef de la Nahdlatul Ulama, Hasyim Muzadi, a notamment demandé aux musulmans d’exprimer leur solidarité d’une manière qui soit bénéfique aux Afghans et qui ne crée pas le chaos en Indonésie.

Quelques jours auparavant, avant le début des frappes aériennes des Etats-Unis en Afghanistan, vingt-quatre responsables religieux avaient signé un appel commun à la paix. Outre les responsables des Eglises chrétiennes du pays – dont le cardinal de Djakarta, Mgr Julius Darmaatmadja -, des responsables musulmans, bouddhistes, hindous, confucéens et bahai, déclaraient : “Nous invitons tous les responsables religieux et les personnalités publiques à ne pas se servir de la situation née de la tragédie du 11 septembre pour créer l’impression qu’il existe une situation de confrontation entre différentes religions”. Ulil Abshar-Abdalla, ouléma membre de la Nahdlatul Ulama, avait été choisi pour lire cet appel, rendu public au siège de cette organisation qui réunit plus de 30 millions de musulmans indonésiens. Les responsables religieux demandaient également que chacune des religions présentes en Indonésie “prenne soin” de ses propres éléments extrémistes afin que le dialogue entre les différentes religions et croyances puisse continuer à être développé.