Eglises d'Asie

L’interdiction d’un groupe d’étudiants musulmans a suscité les critiques de l’opposition parlementaire et des réactions violentes dans la ruePRIVATE

Publié le 18/03/2010




La décision du gouvernement fédéral indien d’interdire un groupe d’étudiants musulmans a provoqué de vives critiques de la part de l’opposition parlementaire et suscité des réactions violentes en certains endroits du pays. Des violences ont eu lieu alors que la police procédait à l’arrestation d’étudiants appartenant au groupe. Au moins quatre personnes ont perdu la vie au cours de ces incidents. Un certain nombre d’autres ont été blessées.

C’est le 27 septembre que le gouvernement a interdit le “Mouvement islamique des étudiants de l’Inde” à cause des liens que celui-ci aurait entretenus avec Oussama Ben Laden, que les Etats-Unis tiennent pour être l’instigateur des attentats terroristes du 11 septembre à New York et à Washington. Il était également reproché au groupe d’attiser les dissensions sociales et de porter assistance au mouvement séparatiste dans l’Etat de Jammu et Cachemire. Le 29 septembre, le ministre de la Sécurité intérieure, I. D. Swamy, a affirmé au correspondant de l’agence Ucanews qu’après qu’une enquête minutieuse eut montré l’implication du groupe dans des activités antinationales, l’interdiction s’imposait. Il a souligné que le gouvernement pouvait prouver l’existence de liens entre le groupe et les séparatistes musulmans du Cachemire, région à prédominance musulmane où des groupes armés musulmans réclament l’indépendance et où plus de 70 000 personnes sont mortes au cours de la dernière décennie. Des preuves matérielles auraient été découvertes des relations du mouvement avec Ben Laden, preuves que le ministre a refusé de divulguer.

Cependant l’opposition parlementaire a accusé le gouvernement d’essayer, avec cette interdiction, de retirer un avantage politique des sentiments anti-musulmans qui prévalent aujourd’hui sur la scène internationale et de gagner ainsi les futures élections dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, l’Etat le plus peuplé de l’Inde. Selon le Parti du Congrès, cette interdiction aurait surtout pour but de polariser les différentes communautés avant les élections et de rendre plus facile la tâche du parti pro-hindou, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) déjà au pouvoir en cet Etat. Kapil Sibal, un des dirigeants du Parti du Congrès, tout en admettant que le gouvernement avait tout pouvoir d’interdire une organisation soupçonnée de mener des activités antinationales, a cependant affirmé qu’en cette affaire, il faisait preuve de partialité et de favoritisme. En effet, n’aurait-il pas dû interdire également les groupes hindous fondamentalistes, qui possèdent des armes, des camps d’entraînement et répandent la haine contre les chrétiens et les musulmans ?

Une proposition semblable avait été faite quelques jours avant par un député catholique de Goa, Eduardo Faleiro. Au cours d’une conférence de presse tenue le 21 septembre à Panaji, capitale de Goa, il avait demandé que la réprobation du terrorisme international en vogue dans les milieux gouvernementaux après les événements du 11 septembre s’étende jusqu’aux groupes de l’extrême droite hindoue comme le Bajrand Dal qui, a-t-il dit, sont une menace pour la sécurité de l’Etat. Il a accusé ce groupe, qui aujourd’hui soutient le gouvernement, d’entretenir des camps en divers lieux du pays, camps où est entraînée une armée privée destinée à faire de l’Inde une théocratie hindoue. Il a fait un devoir au gouvernement de dissoudre immédiatement ces camps dont l’illégalité est flagrante et provocante.

Les mouvements musulmans en Inde ont également protesté contre l’interdiction de l’association étudiante musulmane. Certains dirigeants musulmans ont dit de l’interdiction qu’elle était inopportune, politiquement motivée et qu’elle faisait partie d’une stratégie à long terme visant à nuire à l’islam en Inde. Avant son arrestation, le président du groupe étudiant, Shahid Badr Falahi, a déclaré à la presse que son groupe avait pour but de former le caractère des étudiants musulmans, de lutter contre la dégradation morale, l’anarchie sexuelle et l’influence délétère de l’Occident.