Eglises d'Asie

Mindanao : de violents accrochages entre l’armée philippine et des hommes du groupe Abu Sayyaf ont eu lieu sur l’île de Basilan

Publié le 18/03/2010




Samedi 6 octobre au soir, l’armée philippine a lancé un important assaut sur l’île de Basilan, dans la région de Lamitan, où, selon ses renseignements, des dirigeants du groupe Abu Sayyaf s’étaient rassemblés pour une réunion. Abu Sayyaf est cette organisation d’obédience musulmane qui retient en otages depuis le mois de mai dernier un couple de missionnaires protestants américains et seize Philippins (1). Selon diverses sources, les combats ont été très violents, l’armée engageant dans les opérations au moins deux de ses hélicoptères de combat. Le ministère de la Défense philippine a déclaré le 8 octobre que 21 membres de l’organisation Abu Sayyaf avaient été tués et 21 autres blessés ; du côté des militaires, on comptait 17 rangers blessés.

Selon le P. Martin Jumoad, administrateur de la prélature d’Isabela, dont dépend l’île de Basilan, les habitants de la région se sont terrés chez eux deux jours durant, de peur d’être pris dans des accrochages meurtriers. Le 7 octobre, à Isabela, la cathédrale Santa Isabel, “d’ordinaire pleine et fort vivante”, était quasiment vide pour la messe dominicale. Le P. Jumoad a ajouté qu’il avait écrit aux responsables catholiques, protestants et musulmans de la ville pour que soient mis en commun leurs ressources afin de venir en aide aux réfugiés de la région de Lamitan qui ont afflué en ville. La plupart de ces réfugiés sont musulmans, a-t-il précisé, la région de Lamitan étant peuplée à 90 % de musulmans.

Par ailleurs, lundi 8 octobre, trois bombes de faible puissance ont explosé dans trois hôtels de Zamboanga, ville située sur l’île de Mindanao, juste en face de l’île de Basilan. Selon les journaux locaux, ces bombes pouvaient aussi bien être une manœuvre de diversion d’Abu Sayyaf afin que les militaires relâchent la pression qu’ils maintiennent à Basilan que le début des rétorsions que le groupe Abu Sayyaf a promis de mener aux Philippines en représailles aux frappes américaines en Afghanistan. Le 12 octobre, le gouvernement philippin a fait savoir qu’il accueillerait avant la fin du mois une quinzaine de “conseillers” militaires américains qui auront pour mission d’aider son armée à lutter contre les hommes d’Abu Sayyaf, groupe que les Etats-Unis ont placé sur la liste des 27 organisations qu’ils qualifient de terroristes.

Le P. Jumoad a estimé pour sa part que les actions de ces rebelles musulmans n’avaient rien à voir avec le contexte international actuel. Depuis plusieurs années déjà, Abu Sayyaf, d’une organisation militant pour la création d’un Etat musulman dans le sud des Philippines, a dérivé vers le grand banditisme, vivant des rançons versées pour libérer les otages qu’il enlève régulièrement (2).

Selon des sources militaires philippines, Martin et Gracia Burnham, le couple de missionnaires américains, et les Philippins enlevés sur l’île de Palawan en mai dernier seraient vivants et en bonne santé. Cependant, lundi 15 octobre 2001, pour la première fois depuis le 27 mai, date du début de la prise d’otages, les hommes d’Abu Sayyaf ont fait entendre la voix de Martin Burnham sur les ondes d’une radio locale. Celui-ci a décrit des conditions de détention très pénibles : “Je suis en permanence enchaîné. Je suis très fatigué, faible et en proie à la peur.” A propos des opérations militaires en cours, il a simplement dit que lui, sa femme et les otages ne sauraient être libérés par des bombardements d’artillerie. “Les membres d’Abu Sayyaf survivront à ces opérations mais pas les otages”, a-t-il prédit. Selon la presse aux Philippines, Abu Sayyaf, outre l’arrêt du soutien des Etats-Unis à Israël, demanderait deux millions de dollars pour la libération des otages. Par ailleurs, au cours des opérations militaires en cours, profitant d’un moment de confusion, quatre des seize otages philippins ont pu échapper à leurs ravisseurs. Selon l’un d’entre eux, deux “Arabes” ont été les “invités” de ces derniers de début septembre au 5 octobre et leur ont dit de ne plus kidnapper ou décapiter de nouveaux otages. Selon l’armée philippine, Guillermo Sobero, le troisième Américain capturé à Palawan le 27 mai dernier, a été décapité il y a plusieurs semaines, voire plusieurs mois, peu de temps après sa capture. Son corps n’a toujours pu être retrouvé.