Eglises d'Asie

Mindanao : en dépit de plusieurs violations meurtrières du cessez-le-feu en vigueur, les dirigeants du MILF et du gouvernement de Manille sont décidés à poursuivre les négociations

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement philippin et les dirigeants du Front moro islamique de libération (MILF) se sont mis d’accord pour tenir à Kuala Lumpur, en Malaisie, du 15 au 19 septembre 2001, une nouvelle session de pourparlers afin de discuter de l’avenir de Mindanao. Cette nouvelle session de discussions, qui prend place avec une semaine de retard par rapport aux dates initialement fixées, a bien failli être annulée du fait des récentes et importantes violations au “cessez-le-feu total” que les autorités de Manille et le MILF ont signé le 22 juin dernier à Tripoli en Libye puis confirmé en Malaisie au mois d’août dernier (1).

“Une chose que nous aurons à décider lors de ces discussions est de savoir comment nous pouvons de manière efficace maintenir le cessez-le-feu, cessez-le-feu qui a déjà été rompu par douze fois”, a déclaré Murad Ebrahim, chef de la délégation du MILF. Le plus grave de ces incidents est intervenu les 27 et 28 septembre dernier dans la province de Maguindanao, sur l’île de Mindanao, où de violents combats ont opposé les deux forces en présence. Selon l’armée philippine, 36 combattants du MILF et huit soldats philippins ont été tués, mais, selon un porte-parole du MILF, le bilan des combats est inverse, 30 soldats gouvernementaux et deux combattants du MILF y ayant trouvé la mort.

Quoiqu’il en soit, il semble que la volonté de négociation des deux parties soit inentamée. Le chef de la délégation gouvernementale philippine, Jesus Dureza, a déclaré qu’il était essentiel pour l’avancement des négociations de paix que des mesures soient prises afin d’assurer le respect du cessez-le-feu. Il a notamment proposé la mise en place d’équipes d’observateurs, composées de fonctionnaires du gouvernement, de responsables religieux et de membres d’ONG. De son côté, Eid Kabalu, porte-parole du MILF, a déclaré que son mouvement souhaitait résoudre le problème de Mindanao par des moyens pacifiques et que les accrochages de Maguidanao étaient à mettre au compte de “militaires qui souhaitent faire dérailler, voire même arrêter le processus de paix”.

Selon les observateurs, les deux parties ont tout intérêt à ne pas laisser le processus de paix s’enliser. Du côté du gouvernement, depuis le référendum du 14 août dernier au sujet de l’élargissement de la Région autonome pour les musulmans de Mindanao (ARMM) (2), le gouvernement sait qu’il lui faut trouver une nouvelle dynamique pour satisfaire les revendications des musulmans de Mindanao tant Nur Misuari, leader historique du MNLF (Front moro de libération nationale), paraît discrédité. Du côté du MILF, après avoir pris la décision de déposer les armes, la seule issue à la lutte engagée depuis 1978 est politique et passe par des négociations avec Manille (3).