Eglises d'Asie

Portée par un remarquable dynamisme, la communauté protestante au Vietnam aurait atteint les deux millions de fidèles

Publié le 18/03/2010




C’est la croissance et le dynamisme qui caractérisent actuellement l’Eglise évangélique du Vietnam, selon le pasteur Trân Ba Thanh, membre du bureau exécutif élu par l’Assemblée générale de l’Eglise évangélique qui s’était tenue en février dernier (1) et officiellement reconnu quelques temps après par l’Etat vietnamien (2). En témoignent les chiffres qu’il a cités dans une déclaration recueillie par l’agence Ucanews (3). Selon ses propres recherches, pour une période de vingt-six ans allant de 1975 à 2001, le nombre de fidèles de l’Eglise évangélique serait passé de 400 000 à deux millions.

Il faut cependant remarquer qu’il existe d’autres estimations beaucoup moins optimistes. Les statistiques religieuses dont fait état le Bureau des Affaires religieuses du gouvernement dans ses diverses publications parlent seulement d’un demi-million de fidèles pour l’Eglise évangélique du Sud (Tinh Lanh). Généralement, depuis quelques temps, c’est le chiffre de un million qui est retenu aussi bien par les spécialistes locaux que par les observateurs étrangers. C’est en particulier le chiffre qui est cité dans l’annuaire de l’Eglise évangélique pour l’année 1999, rédigé par la pasteur Huynh Thiên Buu, qui mentionne aussi que l’Eglise évangélique au Sud-Vietnam comporte 282 communautés officiellement enregistrées, 253 chapelles et maisons de prières privées non officielles – surtout en activité auprès des minorités ethniques.

Comme exemple du dynamisme de l’Eglise évangélique, le pasteur a cité le développement de sa propre communauté de Nguyên Tri Phuong composées de 3 500 fidèles, dont environ un millier participe aux offices du dimanche chaque semaine. Chaque année, il accueille environ 1 000 nouveaux venus dont la moitié se font baptiser.

Le pasteur a expliqué cette rapide croissance par le fait que, tous ces temps derniers, l’Eglise a concentré ses efforts exclusivement sur la prédication de l’Evangile. Jusqu’à la reconnaissance officielle du mois d’avril dernier, les structures et les activités ecclésiales n’étaient pas reconnues par le gouvernement, mais les fidèles n’en ont pas moins continué à annoncer l’Evangile. Même les tout jeunes gens ont été mobilisés pour accomplir cette mission. Aux stations de bus, dans les écoles, au milieu des marchés, on a pu les entendre parler du Christ, “Sauveur de l’humanité, qui reviendra sur terre pour récompenser et punir les hommes Ces jeunes qui constituent aujourd’hui plus de 80 % de l’Eglise en sont la partie la plus vivante.

Le pasteur Thanh a aussi mis en valeur les qualités de l’encadrement de l’Eglise évangélique. Selon les statistiques contenues dans l’annuaire de 1999, il y aurait encore au Sud-Vietnam 482 pasteurs, tous formés avant 1975. 119 d’entre eux, issus des minorités ethniques, ne sont pas reconnus par les autorités civiles. L’annuaire mentionne aussi 1 500 prédicateurs “volontaires”, en activité surtout au sein des minorités ethniques. Selon le pasteur, ce personnel est tout à fait insuffisant eu égard à l’extraordinaire croissance de l’Eglise aujourd’hui. L’Eglise ne survit que grâce au zèle et à la bonne volonté des fidèles, a-t-il déclaré. Cependant on lui a donné l’assurance que l’ancien séminaire théologique de Nha Trang qui, avant 1975, assurait la formation de pasteurs allait être ouvert à nouveau, et que seraient créées à Nha Trang, Vinh Long et Hô Chi Minh-Ville des maisons destinées à la formation des pasteurs, prédicateurs et militants laïques.

A l’issue de l’Assemblée générale de février dernier qui avait adopté une charte, désigné un Comité exécutif et qui avait été suivie de l’approbation des Affaires religieuses, un certain nombre d’intentions avaient été annoncées dépendant, pour leur réalisation, de la bonne volonté du gouvernement. Il s’agissait de l’ouverture de séminaires et de classes de formation biblique pour les laïcs, de l’ordination de nouveaux ministres et de leur recyclage, de la publication de livres religieux, du déplacement des pasteurs en d’autres églises, autant d’activités nécessaires à la vie normale d’une Eglise. Si les convictions du pasteur Thanh se trouvent vérifiées, ce serait un premier signe du retournement d’une politique religieuse en œuvre depuis vingt-six ans.