Eglises d'Asie

Une délégation de catholiques japonais est venue à Nankin, en Chine, prier pour les victimes du massacre perpétré par l’armée impériale japonaise en 1937

Publié le 18/03/2010




Une délégation de catholiques japonais est venue à Nankin prier pour les morts et les victimes du massacre qui marqua la guerre sino-japonaise en 1937. Sur le seuil du mémorial dédié aux victimes du massacre de Nankin, le P. Machida Tadashi, prêtre japonais, était submergé par l’émotion. “Je suis sans voix”, ont été les seuls mots qu’il a pu prononcer. Plus tard, il a raconté aux journalistes un souvenir d’enfance : “Une grande carte de l’Asie était fixée au mur de notre école.” C’était en 1937, la première année de cette guerre qui dura deux ans. “Nous plantions avec enthousiasme les petits drapeaux du Soleil levant’ (1) sur les régions occupées par le Japon et nous nous promettions d’en planter un bien plus grand quand toute la carte serait recouverte d’emblèmes de l’armée impériale… Nous étions des enfants et je ne savais pas ce qui se passait réellement. J’attendais seulement avec impatience de voir enfin le grand drapeau.”

Le P. Machida faisait partie d’un groupe de prêtres, de religieuses et de laïcs venu des diocèses de Niigata et d’Urawa pour visiter Pékin et Nankin, capitale de la province du Jiangsu, et rencontrer les responsables locaux de l’Eglise catholique chinoise. Le P. Ishiguro Akiyasu, du diocèse de Niigata, a expliqué que, pour sa part, il avait voulu voir comment, à Nankin, passé et présent coexistaient : “La génération qui a connu les tragédies du passé et la jeune génération pleine de vitalité font la vie de la cité. Sous mes pieds gisent peut-être ceux que nous avons tués pendant cette guerre cruelle ». Et ce prêtre de paroisse de révéler un de ses objectifs : développer pour les jeunes des programmes d’échange entre le Japon et les pays d’Asie dont la Chine.

Mgr Daiji Tani, évêque d’Urawa, qui conduisait le groupe, a déclaré de son côté : “Je voudrais que les jeunes Japonais visitent la Chine et que de préférence ils soient logés dans des familles”. A l’intérieur du mausolée, en offrant de l’encens en mémoire des victimes, il a confié chercher comment mettre en relation l’Eglise du Japon avec la Chine et d’autres pays d’Asie. Actuellement, le diocèse d’Urawa a mis sur pied des programmes d’échanges, surtout pour les jeunes, avec le Bangladesh, la Mongolie, les Philippines, la Corée du Sud et le Vietnam (2). Mgr Tani a révélé également qu’au cours de sa visite ad limina’ à Rome, le pape Jean-Paul II l’avait interrogé pour savoir si son diocèse avait essayé de développer des liens d’amitié avec la Chine : “Cette visite à Nankin est due en partie à ce conseil reçu du pape”, a-t-il conclu.

Au cours d’une rencontre avec l’évêque auxiliaire de Nankin, Mgr Lu Xinping, à la cathédrale, Japonais et Chinois ont pu échanger à propos de leurs expériences pastorales respectives. Mgr Joseph Liu Yuanren, évêque “officiel” de Nankin, assume la charge de président de la Conférence des évêques catholiques de Chine et réside donc à Pékin où plusieurs des visiteurs japonais avaient pu le rencontrer avant leur départ pour Nankin. Dans sa présentation de la situation actuelle de l’Eglise catholique en Chine, Mgr Liu a estimé que des échanges culturels avec l’extérieur étaient importants pour la formation des prêtres, des religieuses et des laïcs chinois. Mgr Tani de son côté a décrit la situation de l’Eglise au Japon en soulignant, en particulier, le nombre toujours croissant des catholiques étrangers au Japon, dont des ressortissants chinois. Mais, a-t-il fait remarquer, peu de prêtres japonais parlent leur langue. “Nous avons le devoir urgent de former la jeune génération. L’avenir ne sera brillant que si les jeunes de pays différents savent s’instruire mutuellement”, a conclu Mgr Liu.

L’année 2002 marquera le 65ème anniversaire de l’incident de Lugouquiao (Pont de Marco Polo, dans la banlieue de Pékin) qui déclencha la guerre sino-japonaise de 1937 et conjointement, l’anniversaire du massacre de Nankin où périrent quelques 300 000 Chinois.