Eglises d'Asie

Des responsables religieux appellent au calme, à la retenue, à l’unité et invitent leurs fidèles à se concentrer sur les questions domestiques

Publié le 18/03/2010




Tandis que des manifestations anti-américaines se poursuivent à un rythme plus ou moins soutenu à travers le pays (1), tour à tour, les responsables chrétiens, musulmans, bouddhistes et confucéens du pays ont appelé leurs fidèles au calme, invitant l’ensemble des citoyens indonésiens à travailler dans l’unité à résoudre les problèmes auxquels fait face le pays.

Le 14 octobre dernier, au cours d’une manifestation œcuménique réunissant catholiques et protestants, le pasteur Natan Setiabudi, président de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, a invité les chrétiens à rester unis pour faire face à la crise née du contexte international. “Nous devons être unis dans la prière, nous montrer avisés et ne pas nous laisser emporter dans des manifestations”, a-t-il notamment déclaré. A l’adresse des Indonésiens non chrétiens, il a appelé au maintien de relations fraternelles afin d’empêcher que la guerre entre les Etats-Unis et les Talibans d’Afghanistan ne sème la division à l’intérieur de l’Indonésie.

Le 15 octobre, l’Association indonésienne des intellectuels musulmans a lancé un appel afin que tout musulman s’abstienne de recourir à la violence et, au contraire, consacre son énergie à renforcer l’économie du pays. “Les manifestations de masse ont incité le gouvernement à adopter une position plus ferme (2). Désormais, le soutien apporté aux Afghans doit changer”, a déclaré Adi Sasono, président de l’Association. Les musulmans indonésiens doivent manifester leur soutien à leurs coreligionnaires afghans en leur fournissant une aide en nourriture et en médicaments, a-t-il insisté.

Dans les colonnes du Jakarta Post et du Kompas, le vice-président Hamzah Haz, réputé être un musulman plutôt conservateur, a demandé aux manifestants de cesser “les manifestations anti-occidentales”. Ces dernières ne seront plus tolérées, a-t-il prévenu. “Si nos actions ne reflètent plus la nature de l’islam comme rahmatan lil alamin’ ( grâce pour la création’), alors le nom de l’islam est fini”, a-t-il affirmé, précisant que l’Indonésie courrait le risque de s’appauvrir. En dépit d’une manifestation qui a rassemblé plus de 10 000 personnes dans les rues de la capitale le 19 octobre – soit la plus importante manifestation anti-américaine depuis le début des frappes sur l’Afghanistan -, les rues de Djakarta et des principales villes du pays sont demeurées relativement calmes, les mouvements musulmans extrémistes paraissant rencontrer des difficultés à mobiliser les musulmans indonésiens.

Le 19 octobre, Adian Radiatus, au nom du Conseil indonésien du bouddhisme, a déclaré que les bouddhistes du pays se sentaient concernés par la “tragédie humaine” créée par les attentats du 11 septembre. Tout en respectant les manifestations de solidarité des musulmans indonésiens avec les Afghans, il a ajouté : “Nous pouvons exprimer nos aspirations, mais d’une façon pacifique, sans recours à la violence.”

Wawan Kurniawan, secrétaire général du Conseil suprême confucéen d’Indonésie, a pour sa part déclaré : “Nous tenons à inviter notre communauté à rester calme et à bâtir de bonnes relations avec les autres communautés religieuses.” Tout en affirmant que les responsables religieux devaient s’abstenir de s’ingérer dans les affaires politiques, il a souhaité que le gouvernement et les responsables religieux travaillent ensemble à l’élaboration de solutions pour répondre à la situation présente et améliorer l’état de la nation.