Eglises d'Asie

Le grand nombre de vocations religieuses oblige les Amantes de la Croix de Phat Diêm à recruter par concours

Publié le 18/03/2010




L’extrême abondance des vocations religieuses féminines dont se réjouit aujourd’hui l’Eglise du Vietnam n’a pas toujours que des avantages. Elle oblige, en effet, les responsables de communautés a opérer une sélection sévère parmi les jeunes filles candidates à la vie religieuse, et, afin de mieux les choisir, à élever le niveau des critères du choix, à multiplier à leur égard les exigences morales, religieuses, mais aussi culturelles et intellectuelles. C’est ainsi que, dans le diocèse de Phat Diêm, au Nord-Vietnam, la Congrégation des Amantes de la Croix a institué pour la première fois un examen d’entrée destiné à recruter des religieuses à la fois vertueuses et qualifiées pour le service de l’Eglise et de la société.

A cette occasion, les plaintes n’ont pas manqué. On a pu en entendre un certain nombre de la bouche des paroissiens de la cathédrale du diocèse (1). Selon leurs dires, autrefois, une bonne conduite et un certificat de fin d’études secondaires suffisaient largement pour être admise en formation à la vie religieuse. Aujourd’hui, seules les très brillantes candidates peuvent obtenir une note convenable aux divers tests du concours, qui vérifient le niveau des aspirantes, non seulement dans des matières comme la doctrine chrétienne, la Bible, l’histoire de l’Eglise et la musique, mais encore dans des domaines plus profanes comme les mathématiques, la littérature et l’histoire générale. Des parents et des candidates refusées se sont plaint qu’il est désormais beaucoup plus difficile de devenir religieuse que d’entrer à l’université.

Aux nouvelles exigences intellectuelles se sont ajoutées des contraintes financières qui, selon les mêmes plaintes, écarteraient les enfants des familles pauvres de la vie religieuse. Les seuls frais du concours se montent à 500 000 dôngs (33 dollars américains) par candidat. De plus, avant même de se présenter au concours, pendant quelques années, les candidates devront avoir suivi des études préparatoires qui coûtent chaque mois la somme de 150 000 dôngs (10 dollars américains).

Cependant les responsables de la congrégation, approuvées en cela par l’évêque de Phat Diêm, ont justifié leur décision par la nécessité impérieuse d’opérer une sélection dans le grand nombre de jeunes filles désireuses d’entrer dans la congrégation. Cette année, à l’issue du premier concours d’entrée qui a eu lieu au mois d’août, le noviciat des Amantes de la Croix à Luu Phuong n’a retenu que sept candidates sur les 45 qui s’étaient présentées. La sœur Marie Phân Thi Mai qui supervisait le concours a expliqué que le choix des futures religieuses a été établi selon des critères moraux, religieux, éducatifs, fixés en fonction de l’orientation actuelle de la congrégation. Les religieuses n’auront pas simplement à mener une vie spirituelle à l’intérieur du couvent mais encore à accomplir une œuvre au service de l’Eglise et de la société, ce qui réclame un ensemble de compétences. En particulier, la congrégation a projeté de participer à l’évangélisation de la région nord du diocèse de Phat Diêm où habite l’ethnie muong, en apportant sa contribution particulière à l’éducation des enfants, au travail pastoral dans les paroisses sans prêtre et à l’assistance sociale et sanitaire au sein de la population.

Ces dernières années, le développement de la Congrégation des Amantes de la Croix à Phat Diêm a été remarquable. En 1954, à la fin de la première guerre du Vietnam, la plupart des religieuses de la congrégation s’étaient enfuies au Sud. Seules 32 religieuses étaient restées dans la maison-mère. En 1968, un bombardement américain avait rasé le couvent et le noviciat, tuant la supérieure, deux religieuses et deux autres femmes. Les religieuses encore au couvent étaient, alors, retournées dans leurs famille. Il avait fallu attendre l’année 1992 pour voir 20 religieuses accompagnées de 53 aspirantes revenir vivre dans le couvent rebâti. Elles sont aujourd’hui 78 religieuses professes et 20 novices ; environ 120 jeunes filles cherchent à rejoindre leur communauté.