Eglises d'Asie – Vietnam
L’évêque catholique de Kontum a ordonné le premier prêtre d’ethnie sedang de l’histoire
Publié le 18/03/2010
Pour l’ordination de celui qui est dans l’ordre chronologique le septième prêtre montagnard depuis l’implantation de l’Evangile en terre montagnarde au XIXe siècle, les différents peuples qui habitent le diocèse de Kontum avaient chacun envoyé une représentation très fournie. Les Kinh (vietnamiens), les Bahnar, les Jalung, les Rongao, les Dje, les H’lan, les Jarai et bien entendu, les Sedang, tous reconnaissables à leur costume, étaient venus de partout dans le diocèse, quelquefois en voiture, en moto, à bicyclette, mais le plus souvent à pied. La plus remarquée des participantes fut, sans conteste, la mère du nouveau prêtre dont le silence et la beauté sévère ont impressionné beaucoup de monde.
Dans la nuit qui a précédé la cérémonie, ils étaient déjà des milliers à dormir en plein air tout autour de la cathédrale de Kontum. Le jour venu, quatre évêques ont participé à la cérémonie, l’ancien et l’actuel évêque de Kontum, l’évêque de Nha Trang et celui de Buôn Ma Thuôt, auxquels il faut ajouter une centaine de prêtres venus des diocèses du Sud-Vietnam, deux cent religieux et religieuses appartenant à diverses congrégations. Le rassemblement, à cause de la diversité de ses composantes, avait besoin d’unité. Pour ce faire, Mgr Chung qui a présidé la cérémonie utilisa la langue bahnar, celle de l’ethnie la plus nombreuse dans le diocèse, comme langue liturgique. Deux prêtres concélèbrants assuraient une traduction simultanée en sedang et en vietnamien. A la fin de la cérémonie, une immense cantine avait été ouverte à la disposition des fidèles, venus parfois de très loin.
Le curriculum vitae du nouveau prêtre, né en 1962 à Kon Hering, dans une famille de six enfants, a été marqué par les aléas de la guerre du Vietnam. C’est celle-ci qui l’avait poussé à se réfugier d’abord à Kontum, accompagné de sa mère qui avait trouvé du travail chez les religieuses de la médaille miraculeuse. Il n’avait alors que six ans et était déjà orphelin de père. Il fut ensuite admis dans l’école La Salle tenue à cette époque par les sœurs de la Providence de Portieux. Plus tard, en 1975, lors de l’exode qui a marqué les derniers combats au Sud-Vietnam, avec quelques autres élèves, il suivra les religieuses enseignantes dans leur repli vers Nha Trang. Il est alors seul et est adopté par une famille vietnamienne catholique de la bourgade côtière de Binh Cang. Celle-ci lui donna une solide formation religieuse et lui permit de faire de très bonnes études. Peu après l’ouverture du grand séminaire de Nha Trang, en 1993, il y est admis pour suivre le cursus des études sacerdotales.
Voilà déjà quatre ans que Callixte Ly était diacre attendant d’obtenir l’autorisation gouvernementale d’être ordonné prêtre. Les responsables du diocèse de Kontum espère bien récupérer le jeune prêtre et l’affecter à l’évangélisation de ses compatriotes des Hauts-Plateaux. Ils auraient déjà obtenu sans difficulté la permission de l’archevêque de Nha Trang, mais aussi celle des autorités civiles de Kontum et de Khanh Hoa, province où est situé le séminaire de Nha Trang.
Selon des sources locales, il existe actuellement un certain nombre de candidats au sacerdoce issus des minorités ethniques des Hauts-Plateaux. Plusieurs sont en formation depuis longtemps. Un autre Sedang, religieux cistercien, est aujourd’hui diacre et attend que lui soit accordée l’autorisation nécessaire pour être prêtre.