Eglises d'Asie

Mindanao : le gouvernement philippin et les dirigeants du MILF ont signé un accord de paix mais ne s’entendent pas sur les programmes de développement économique à mettre en place

Publié le 18/03/2010




Réunis à Kuala Lumpur, en Malaisie, du 15 au 19 octobre pour discuter de l’avenir du cessez-le-feu signé en juin dernier (1), les représentants du gouvernement philippin et du MILF (Front moro islamique de libération), le dernier grand mouvement séparatiste musulman engagé dans la lutte armée à Mindanao, ont conclu un accord de paix. Cet accord, signé le 18 octobre, prévoit de renforcer le cessez-le-feu en vigueur, un cessez-le-feu violé au moins douze fois depuis le mois d’août dernier, mais ne dit rien sur les responsables qui seront chargés de mener à bien les projets de développement économique dans cette région où l’armée philippine et des rebelles musulmans se battent depuis presque 30 ans.

Selon les négociateurs des deux parties, la question de la reconstruction sera un des principaux problèmes à résoudre lors de la prochaine session de négociation, dont la date n’a par ailleurs pas été fixée. D’ores et déjà, d’après ces mêmes négociateurs, des désaccords sont apparus dans ce domaine. Eid Kabalu, porte-parole du MILF, a ainsi déclaré à propos des projets de développement : “Ils impliquent beaucoup d’argent. Nous devons en premier lieu clarifier quelles sont les ressources disponibles et leur origine”. De son côté, Jesus Dureza, chef de la délégation gouvernementale philippine, a précisé : “Ce n’est pas une question d’argent. Le problème est de savoir qui gèrera les projets de développement. Si ces derniers comportent un financement du gouvernement philippin, nous estimons que nous devons avoir un rôle dirigeant dans leur gestion.”

Selon Murad Ebrahim, chef de la délégation du MILF, l’accord conclu en juin dernier à Tripoli, en Libye, entre les deux parties précisait que son organisation aurait le pouvoir de choisir et de gérer les projets de développement. Or, a-t-il ajouté, “le gouvernement philippin veut revenir sur ce point Toujours selon ce responsable, il n’est pas impossible que le MILF cherche au besoin un soutien financier hors des Philippines. Citant la Malaisie et la Libye, il a déclaré que son groupe était sûr de pouvoir compter sur le soutien du monde musulman, désireux de “partager ses ressources au nom du développement des communautés musulmanes de Mindanao”.

Cependant, mises à part ces difficultés encore non résolues, les deux parties se sont félicitées d’être parvenues à un accord dans le contexte actuel. Jesus Dureza a ainsi remercié le MILF d’avoir rejeté l’appel à la guerre sainte de certains responsables religieux islamistes dans le monde en réponse aux opérations militaires américaines en Afghanistan. “En rejetant publiquement l’appel à la djihad, la direction du MILF a grandement contribué à renforcer la cohésion sociale entre les différents groupes ethniques de Mindanao”, a-t-il notamment déclaré.