Eglises d'Asie

Papouasie occidentale : le vote par le parlement indonésien d’une loi accordant une large auto-nomie à la Papouasie ne semble pas pouvoir résoudre tous les problèmes de cette vaste province

Publié le 18/03/2010




Tard dans la soirée du 22 octobre, à Djakarta, le parlement a voté une loi accordant une large autonomie à la Papouasie occidentale, vaste province de l’extrémité orientale du pays où depuis de nombreuses années s’affrontent des partisans du mouvement indépendantiste papou et les forces de l’ordre (1). Comparable à l’autonomie déjà accordée à la province d’Aceh (2), située à l’autre extrémité du pays, il semble cependant peu probable que cette loi suffise à ramener le calme dans la province. Willy Mandowen, membre du Papua Presidium Council, organisation réunissant différents leaders pro-indépendantistes de la province, a ainsi déclaré : “Nous ne voyons rien de particulier dans ce texte. Donner plus de pouvoir et plus d’argent à la province ne changera rien. C’est d’ailleurs quelque chose qui aurait déjà dû être fait depuis longtemps. En ce qui concerne la justice, il n’y a pas eu de progrès.”

Aux termes de cette loi, qui prendra effet après sa signature par la présidente Megawati Sukarnoputri dans le courant du mois de novembre 2001, les institutions provinciales de la Papouasie auront le pouvoir de gérer leurs propres affaires, à l’exception des questions relatives à la défense, à la politique monétaire et fiscale, aux affaires étrangères et à la religion. Après d’âpres négociations, il a été convenu que la Papouasie conserverait 80 % des ressources tirées de l’exploitation de ses mines et de ses forêts et 70 % de celles provenant de l’exploitation de ses hydrocarbures. On se souvient qu’en janvier dernier, Djakarta avait accordé une certaine autonomie à toutes les provinces du pays ; avec cette loi particulière à la Papouasie, le pouvoir central va plus loin. La Papouasie abritant la plus importante mine de cuivre du monde, exploitée par la société américaine Freeport McMoRan Copper & Gold Inc., la question du partage des ressources était centrale.

Outre ces aspects institutionnels et économiques, la loi prévoit la mise en place d’une administration locale comprenant des représentants des différentes communautés présentes dans la province. Peuplée d’un peu moins de deux millions d’habitants, la Papouasie occidentale compte environ 250 tribus aborigènes qui cohabitent de plus en plus difficilement avec les Indonésiens venus s’installer dans la province au gré de la politique de transmigration (3). L’administration locale devrait donc dorénavant donner voix au chapitre aux chefs coutumiers de ces tribus, jusque et y compris en ce qui concerne la nomination du gouverneur de la province. Selon Willy Mandowen, de tels changements ne suffiront pas à ramener la paix tant est grand le ressentiment de la population aborigène, dont les droits élémentaires ont été trop souvent bafoués. Sans réduction de la présence des forces de l’ordre et sans un examen des abus commis dans le passé, la paix ne sera pas possible, estiment les observateurs. Les forces de l’ordre “ont sur-réagi ces derniers mois. Elles mènent plus de patrouilles que d’habitude, créant encore plus de tension dans le territoire”, témoigne encore Willy Mandowen.

Selon des statistiques des autorités indonésiennes, sur les deux millions d’habitants de la Papouasie, 63 % sont protestants, 20 % catholiques, 15 % musulmans, 1,1 % animistes, 0,8 % bouddhistes et 0,1 % hindous. Depuis de longues années, les Eglises chrétiennes sont les seules institutions à relayer auprès des autorités indonésiennes les revendications des Papous, progressivement marginalisés sur leurs propres terres par des populations originaires d’autres parties de l’Indonésie venues s’installer dans cette province (4).