Eglises d'Asie

Sur l’île de Basilan, la vie des communautés catholiques continue d’être perturbée par les agissements du groupe Abu Sayyaf et les opérations de l’armée philippine

Publié le 18/03/2010




Selon le P. Martin Jumoad, administrateur de la prélature d’Isabela, les catholiques qui vivent sur l’île de Basilan, où le groupe Abu Sayyaf retient une dizaine d’otages philippins et un couple de missionnaires protestants américains (1), continuent de voir leur vie perturbée par les agissements de ce groupe de musulmans extrémistes versés dans le banditisme et l’enlèvement contre rançon. Les combats qui ont opposé au début du mois d’octobre dernier l’armée philippine et les hommes d’Abu Sayyaf se sont calmés et, ainsi que le souligne le P. Jumoad, l’assistance à la messe dominicale à Isabela est “redevenue normale”. Cependant, une cérémonie particulière, liée à la fête de la Toussaint, a dû être annulée, la sécurité n’étant pas assurée sur l’île et les responsables de l’Eglise catholique ne voulant pas prendre de “risques inutiles” pour leurs fidèles.

Depuis de nombreuses années, durant tout le mois d’octobre, les catholiques ont pris l’habitude de se rassembler un peu avant l’aube devant leurs églises paroissiales. Là, avant la levée du jour, ils prient le chapelet en l’honneur de la Sainte Vierge avant de partir en procession, à la lueur de bougies, dans les rues de leurs villes et villages. Pour la première fois cette année, cette cérémonie, connue sous le nom de “dévotions Aurora”, n’aura pas lieu. Le 15 octobre dernier, le P. Jumoad prévoyait d’organiser cette prière du chapelet uniquement durant les trois derniers jours du mois, juste avant que les fidèles n’aillent se recueillir dans les cimetières, sur la tombe de leurs proches. Même si la situation “est redevenue plus calme”, a encore précisé le P. Jumoad, “ce n’est pas le moment de relâcher son attention”.

Par ailleurs, des tests scientifiques menés par les autorités américaines à Hawaï, aux Etats-Unis, sur les restes d’un corps humain découvert à Tipo-Tipo, sur l’île de Basilan, ont permis d’établir qu’il s’agissait de ceux de Guillermo Sobero, l’un des trois ressortissants américains enlevés en mai dernier sur l’île de Palawan. En juin dernier, Abu Sabaya, un des chefs du groupe Abu Sayyaf, avait annoncé la décapitation de ce touriste américain en guise de cadeau à la présidente Gloria Macapagal-Arroyo à l’occasion de Day philippin mais le corps n’avait pu être alors retrouvé. De Manille, lors d’une allocution télédiffusée, la présidente philippine s’est adressée aux ravisseurs de Martin et Garcia Burnham, le couple de missionnaires américains, les appelant à “épargner la vie des innocents”. Elle a précisé que les Burnham “avaient passé leurs vies au service du Tout-Puissant et ne méritaient pas d’être pris en otages pour obtenir le paiement d’une rançon ou d’être des pions dans une guerre de propagande”. “S’en prendre à des gens sans défense n’est pas seulement contraire à l’islam ; c’est aussi un acte de lâcheté”, a-t-elle ajouté.