Eglises d'Asie

De nouvelles condamnations ont été prononcées contre les militants montagnards impliqués dans les troubles de février 2001 sur les Hauts-Plateaux du centre du pays

Publié le 18/03/2010




Selon une dépêche de l’agence de langue vietnamienne, Viet Catholic News, publiée le 8 novembre, de nouvelles condamnations ont été prononcées contre des militants montagnards impliqués dans les troubles de février dernier sur les Hauts-Plateaux du Centre-Vietnam. Un tribunal du district de Ayun Pa, dans la province de Gia Lai, a en effet infligé des sentences de prison à cinq militants appartenant à des ethnies minoritaires pour avoir violé l’ordre public et avoir gardé des personnes en otage. Selon les déclarations du porte-parole du tribunal qui a annoncé la nouvelle, cette dernière sentence porterait à 18 le nombre militants condamnés à diverses peines de prison depuis les troubles de février.

Il y a plus d’un mois, on avait appris, après coup, la tenue de deux procès successifs (1) qui avaient condamné à de lourdes peines 14 militants impliqués dans les troubles de février. Au premier qui avait eu lieu à Buôn Ma Thuôt, le 26 septembre, avaient comparu six militants d’ethnie edé qui se sont vu infliger de six à onze ans de prison. Le second procès s’était déroulé le lendemain à Pleiku dans la province de Gia Lai. Les accusés appartenant aux ethnies edé et banhar y ont reçu des peines allant de six à douze ans de prison. Ces procès auxquels aucun journaliste n’a été invité ont tous fait l’objet d’annonce officielle très discrète.

Le dernier procès, dont la date n’a pas été précisé, s’est déroulé dans un des onze districts de la province de Gia Lai où se trouve la ville de Pleiku. Le peu de détails donnés ne permet pas de reconstituer les faits avec exactitude. D’une façon générale, la reprise en mains et la restructuration des Hauts-Plateaux après les troubles de février s’accomplit dans l’ombre. Un minimum de témoignages sont à la disposition des observateurs. Il est, par exemple, difficile d’interpréter une décision gouvernementale, rapportée par Radio Free Asia, le 26 octobre dernier, ordonnant la restitution aux montagnards des Hauts-Plateaux en proie à la famine d’un certain nombre de terres inutilisées. La province de Dak Lak aurait ainsi décidé l’attribution à des montagnards sans terre de 160 000 hectares appartenant à des plantations d’Etat. Une décision analogue aurait été prise dans la province de Lâm Dông où 66 000 hectares de terre auraient été également récupérés par les montagnards.

Peut-être faut-il mettre ces décisions en rapport avec un récent changement de politique du gouvernement en matière de production de café. En 1999, avec 500 000 hectares de plantations de café robusta’ – dont beaucoup récupérés sur le territoire traditionnel des montagnards -, le Vietnam était devenu le second producteur mondial de café. Mais, à partir de cette date, la surproduction de café dans le monde en général et au Vietnam en particulier a entraîné une baisse des cours mondiaux qui se poursuit aujourd’hui encore. Le prix de la tonne de café est passé de 1 300 dollars à l’été 1999 à 444 dollars à l’été 2001. Dans le but de réduire la production, au mois de juillet dernier, les autorités concernées informaient qu’elles avaient réduit de 30 000 hectares la surface des plantations dans les provinces de Dak Lak et de Lâm Dông. Elles annonçaient de plus leur volonté de réduire par abattage de 20 à 30 % les surfaces plantées, soit de 100 à 150 000 hectares, ce qui bien inférieur aux 226 000 hectares de terre dont on dit aujourd’hui qu’ils seront redistribués aux montagnards.