Eglises d'Asie

Il n’est pas question d’accorder à la presse vietnamienne une liberté d’expression de type “occidental”

Publié le 18/03/2010




A l’invitation du pouvoir central, du 29 au 31 octobre, des centaines de grands patrons de la presse officielle vietnamienne et de responsables de publications se sont rassemblés à Hanoi pour y procéder à l’examen du travail accompli par eux durant les quatre dernières années et, en particulier, de l’application des directives du Bureau politique sur la presse. Cela a été l’occasion pour les intervenants de définir à nouveau les grandes caractéristiques de la presse socialiste et en particulier et de souligner ses différences fondamentales avec la presse occidentale en matière de liberté d’expression.

Il est probable que certains journalistes n’étaient pas convaincus de la supériorité de la conception socialiste de la presse puisque le quotidien de l’armée, le Quan Dôi Nhan Dân du 30 octobre 2001, dans un article écrit à l’occasion du rassemblement de journalistes, a fait allusion à certaines voix, sans préciser lesquelles, qui demandent la liberté d’expression, de presse et de publication au Vietnam. L’organe des militaires s’est empressé de répliquer que le modèle occidental ne pouvait être suivi et encore moins pratiqué au Vietnam. La prétendue liberté de presse du monde libéral peut devenir intolérable : “Les journaux occidentaux, a écrit le journal, se livrent à une lourde apologie du racisme, de la violence et du sexe au point qu’ils sont même condamnés par leurs lecteurs. (…). Ils s’introduisent à un point tel dans la vie privée que cela est insupportable à beaucoup de citoyens.” “La mort de la princesse Diana, a conclu l’article, est une douloureuse conséquence d’une telle liberté de presse’.”

Au cours de la réunion de Hanoi, Phan Hiên, le huitième membre du Bureau politique, dans l’ordre hiérarchique, chef du Parti communiste pour la ville de Da Nang et secrétaire du Comité central, s’est efforcé de remettre les choses en ordre, dans un exposé qui a été reproduit par une bonne partie de la presse vietnamienne. La tâche des médias, a-t-il dit d’emblée, consiste à être les instruments de la construction et du développement de l’Etat socialiste. Comme le disent les directives du Bureau politique, les médias ont pour fonction de diffuser les orientations du Parti, les lignes politiques de l’Etat. La presse socialiste doit donc lutter pour rectifier les mauvaises informations, les idées négatives et se tenir en tête du combat contre la corruption et les divers fléaux sociaux.

En conséquence, le membre du Bureau politique a mis en garde ses auditeurs contre la tendance à la commercialisation qui commence à se faire jour dans la presse vietnamienne. D’une façon générale, il a stigmatisé le manque de vigueur idéologique, d’esprit de lutte qui caractérise de plus en plus toute une partie de la presse vietnamienne.

Il n’existe au Vietnam qu’une presse officielle soumise aux exigences soulignées par Phan Hiên. Lui appartiennent les deux journaux du Comité d’union du catholicisme, Catholicisme et Nation, à Hô chi Minh-Ville, et le Catholique vietnamien, à Hanoi. Les diverses tentatives pour créer des organes de presse indépendants se sont toutes soldées par des échecs. En matière religieuse, la Conférence épiscopale catholique a essayé de créer une revue, et ensuite un bulletin indépendant du Front patriotique, Hiêp Thông ( Communion’). Après avoir donné un semblant d’approbation, l’Etat vietnamien n’a cessé de s’opposer à sa parution effective. Il y a quelque deux ans, un dissident, le général Trân Dô, a présenté aux instances concernées une demande pour la parution d’un journal indépendant. La demande a été ignorée et est restée sans réponse jusqu’à maintenant. Il en été de même pour une demande similaire posée par l’Eglise bouddhiste unifiée. Il faut cependant remarquer qu’il existe un certain nombre de parutions clandestines, certaines très régulières, dont il n’est pas bon de citer les noms.

Selon des statistiques données à cette occasion, la presse officielle est composées de 486 publications. Il existe 153 journaux, quotidiens, bihebdomadaires ou bimensuel, et 333 revues. 68 radios et chaînes de télévision émettent sur tout le territoire du Vietnam. La Voix du Vietnam et la Télévision du Vietnam sont entre les mains du pouvoir central. Des stations de télévision régionale existent dans certaines grandes villes comme Hô Chi Minh-Ville, Huê, Da Nang, Can Tho, Phu Yên etc. Le Vietnam possède en outre 44 maisons d’éditions, toutes officielles. Pour tout le pays, 11 000 cartes de presse ont été délivrées par le service de presse du ministère de la Culture et de l’Information.