Eglises d'Asie

“J’AI PITIE DE LA FOULE.” Interview de Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, évêque de Lang Son

Publié le 18/03/2010




A l’étranger, le nom de Lang Son évoque surtout les batailles qui se sont déroulées sur ce territoire, aussi bien lors de la première guerre avec les Français que lors de l’incursion chinoise de 1979. Monseigneur, votre diocèse reste-t-il encore marqué par la guerre, matériellement, mais aussi du point de vue démographique et social ?

Il est vrai que Lang Son a été surtout connu à travers les batailles, en 1950, la terrible bataille de Dông Khê, en 1979, lorsque les Chinois ont envahi le territoire et détruit Lang Son. Mais beaucoup ne savent pas que, en réalité, les hostilités se sont poursuivies jusqu’en 1984 et que leurs conséquences se sont fait sentir jusqu’en 1990. En effet, il a fallu attendre cette année là pour que la population puisse revenir chez elle et reprendre une vie ordinaire. C’est à cause de ces grandes batailles qui se sont déroulées sur son territoire que le diocèse a perdu la quasi-totalité de ses établissements religieux, détruits au cours des combats.

En 1945, Lang Son possédait 26 paroisses avec leurs églises et leurs maisons communes (presbytères), des écoles secondaires, une belle cathédrale, un vaste séminaire et un évêché confortable. Après la dernière période d’hostilités, en 1990, il ne restait plus que cinq petites églises. La cathédrale avait été détruite, l’évêché était en ruines, le séminaire n’existait plus. Du point de vue matériel, le diocèse avait été dépouillé de tout.

Du point de vue géographique et démographique, Lang Son est une région montagneuse et sauvage. Une expression vietnamienne désignait autrefois ce type de région comme une région forestière au climat malsain. Seules quelques ethnies minoritaires y vivaient. Plus tard, un certain nombre de Vietnamiens, que l’on appelle Kinh, pour les différencier des populations autochtones, montèrent dans la région pour y gagner leur vie. A l’arrivée des premiers missionnaires, quelques personnes se convertirent et adhérèrent à la religion catholique. En 1954, lors de la signature des accords de Genève, de nombreux habitants ont suivi l’exode vers le sud. Parmi eux, se trouvaient à peu près la moitié des fidèles du diocèse, dont le nombre total à l’époque s’élevait à 5 000. A l’heure actuelle, on peut dire que la migration des Vietnamiens de la région se poursuit pour des raisons économiques. La population de Lang Son est relativement stable. Cependant, à Cao Bang, où les terrains montagneux sont extrêmement difficiles à travailler, la population continue d’émigrer dans le sud.

Le diocèse de Lang Son a-t-il une longue histoire ?

Notre diocèse a été évangélisé assez tardivement. Alors que les autres régions du Nord ont été touchées de bonne heure par la Bonne Nouvelle, la région de Lang Son est longtemps restée à l’écart. Il a fallu attendre la veille de la première guerre mondiale, plus précisément en 1913. A cette époque, un certain nombre de prêtres français, des religieux dominicains de la province de Lyon, sont venus sur ces montagnes comme aumôniers des militaires français. Ils étaient venus au Vietnam avec l’intention de trouver un territoire sur lequel ils pourraient accomplir un travail missionnaire. Mgr Velasco, l’évêque de Bac Ninh de l’époque, leur proposa de détacher de son diocèse pour eux la région de Lang Son, une proposition qui agréa aux pères dominicains. C’est ainsi qu’en 1913 le Saint-Siège leur confia ce territoire érigé en préfecture apostolique. Parmi les premiers missionnaires se trouvait aussi un prêtre des Missions Etrangères, le P. Savina, qui a laissé un certain nombre d’ouvrages sur les langues locales, en particulier des dictionnaires pour les langues tay et nung. Cependant, il ne travailla que quelque temps à Lang Son et s’en alla ensuite dans le diocèse de Hung Hoa.

La première évangélisation de Lang Son date donc de 1913. Les missionnaires y ont travaillé avec acharnement. Trente ans plus tard, en 1943, le territoire était devenu un vicariat apostolique avec toutes les structures nécessaires : 30 prêtres parmi lesquels 16 missionnaires et 14 prêtres indigènes. Trente paroisses avaient déjà été fondées, une belle cathédrale avait été édifiée ainsi qu’un évêché. Les missionnaires, dans le but de former le clergé local, avaient déjà ouvert un séminaire qui, dès sa création, accueillait quelque trente séminaristes. Ils s’étaient préoccupés de former et d’implanter dans la région des religieuses dominicaines. En 1945, leur nombre était déjà de 40. Lors de l’établissement du vicariat apostolique en 1939, c’est Mgr Hedde, dominicain, qui devint le premier évêque. Plus tard, Mgr André Jacq, qui vient de décéder, il y a quelques mois, à Paris, lui fut donné comme auxiliaire.

Les trente premières années d’évangélisation commençaient à porter du fruit lorsque les premiers bouleversements dus à la guerre se firent sentir. Ce fut la première guerre du Vietnam, puis l’exode général vers le sud : le diocèse entra alors dans l’épreuve. Le personnel ecclésiastique disparaissait en partie, les divers établissements étaient détruits, le nombre des fidèles diminuait de moitié.

Jeune prêtre du diocèse de Long Xuyên, récemment revenu de France où vous avez poursuivi des études religieuses jusqu’à la maîtrise, vous avez été parachuté dans ce diocèse à la frontière de Chine, pauvre en clergé et en ressources. Quels ont été vos premières impressions et les orientations pastorales que vous avez choisies ?

Effectivement, cette annonce m’a surpris. Je ne m’attendais pas à partir ainsi dans ce diocèse frontalier de la Chine. Arrivé là-bas, beaucoup de choses m’ont désorienté et, en premier lieu, le spectacle de cette nature grandiose avec de merveilleux paysages, si différents de ceux qui m’étaient coutumiers dans la plaine du delta du Mékong, plaine composée de rizières régulières. Ici, c’était des chaînes de montagne altières. Tel était l’aspect géographique. Culturellement, la différence était encore plus grande. Le style de vie des gens du Nord a depuis toujours un aspect particulier, les différenciant des comportements ordinaires au Sud. Les coutumes, les attitudes, le parler divergent. Même si mes origines étaient du Nord, la plus grande partie de ma vie s’était déroulé au Sud et je ne manquais pas d’être un peu désarçonné lors de mon arrivée au Nord, plus particulièrement dans cette région montagneuse de Lang Son, habitée par des minorités ethniques, en majorité des Tay et des Nung. Lors de mes débuts, j’éprouvai un sentiment de dépaysement devant les coutumes, les habitudes, y compris devant le langage, lui aussi particulier et accompagné d’un mode de raisonnement original. J’avais un peu l’impression de me trouver sur une terre lointaine, bien que les gens y soient très sympathiques et accueillants.

Cependant, ce qui m’impressionnait le plus, c’est la pauvreté générale que je trouvais en cette région montagneuse. La population, dans sa majorité, vivait de l’agriculture. Les agriculteurs ici sont particulièrement dépourvus, ne possédant que très peu de terres et ne bénéficiant que de maigres récoltes. Les années précéden-tes, alors que, selon les consignes, les gens de la région devaient eux-mêmes assurer leur autosuffisance en produits alimentaires, la faim sévissait à Lang Son. Les années suivantes, grâce à la politique dite “de la porte ouverte”, permettant aux produits alimentaires de circuler et d’être transportés sans contrainte, la situation s’est améliorée.

Je trouvais cette même pauvreté vécue à l’intérieur de l’Eglise. Ses infrastructures matérielles la laissaient apparaître sans fard. Partout les établissements religieux étaient délabrés. Où que l’on aille, on trouve des églises en ruines, des statues écroulées. Il ne reste que des vestiges. Rien n’est plus pitoyable que ce diocèse dévasté. Mais si l’on considère le personnel, alors la pauvreté touche à son comble. Lorsque je suis arrivé dans le diocèse, il n’y restait plus qu’un vieux prêtre, âgé de plus de 96 ans et une reli-gieuse plus que centenaire. Le vieux prêtre, le P. Vincent Hoang Trong Quynh, faible et fatigué, ne pouvait presque plus se déplacer. Face à cette pauvreté de mon diocèse, aussi bien en ressources matérielles qu’en personnel, au spectacle de ce diocèse qui semblait agoniser, presque mort, c’est une sorte de compassion douloureuse qui s’est installée en moi. Une douleur avivée par le spectacle des fidèles isolés et disséminés, des paroisses qui, depuis 50 à 60 ans, n’avaient pas eu d’eucharistie pour les rassembler, n’avaient jamais rencontré de prêtre ou de religieux pour leur expliquer la doctrine, des fidèles qui n’avaient pas de contacts avec les fidèles des autres paroisses. Ils étaient seuls dans cette région désolée de forêts et de montagnes. Lorsque l’on était témoin du désir des fidèles, de leur souhait d’avoir des églises où prier, un évêque, des prêtres et des religieux pour leur rendre visite, on ne pouvait s’empêcher de les prendre en pitié et d’évoquer la phrase de l’Evangile comparant la foule à un troupeau errant sans pasteur. On se disait que cette région, cette population, ce diocèse subissaient une épreuve trop grande. Les difficultés étaient extrêmes. Il manquait trop de choses.

Le premier devoir qui m’incombait, c’était donc d’aller leur rendre visite. La présence de l’évêque, je le remarquais, leur a vite rendu leur dynamisme, leur a donné moral et confiance. Leurs activités religieuses sont devenues plus vivantes et plus animées. Aussi bien, mes déplacements à l’intérieur du diocèse sont, alors, devenus incessants. Chaque jour de la semaine me voyait en route vers un lieu différent pour rencontrer les fidèles, les encourager, célébrer la liturgie, présider l’eucharistie, dispenser les sacrements. Mais le plus important, c’était cette rencontre.

L’enseignement s’est vite avéré comme une tâche particulièrement nécessaire. Depuis près de soixante ans, les catholiques de la région vivaient leur foi d’une manière traditionnelle, une foi transmise aux enfants par les parents. Les prières étaient bien connues, mais la doctrine de la foi, l’Evangile l’étaient beaucoup moins. Partout où je m’arrêtais, il fallait donc enseigner le catéchisme. Mais j’insistais sur la compréhension de la Parole de Dieu. Toutes les séances de catéchisme s’appuyaient sur l’Evangile dont j’ai distribué un exemplaire à chaque famille afin que tout le monde puisse le lire et le mettre en pratique. J’ai toujours insisté sur la Parole de Dieu et l’Evangile, que ce soit au cours des séances d’instruction religieuse ou encore dans mes sermons.

Afin d’avoir avec nous du personnel travaillant en permanence, il m’apparaissait nécessaire d’assurer une formation aux laïcs. Celle des catéchistes m’apparaissait comme la plus urgente. Une trentaine étaient nécessaire pour enseigner le catéchisme aux enfants. Il était aussi indispensable d’assurer la formation des membres des conseils paroissiaux, des conseils pastoraux. La plupart des dignitaires (membres du conseil paroissial), bien que remplis de zèle et de dynamisme, n’avaient jamais reçu de formation, si bien que, souvent, ils ne savaient que faire et étaient incapables d’instruire les catéchumènes désireux de recevoir le baptême. Pourtant ceux-ci étaient nombreux. Parmi eux, on trouvait les non-chrétiens s’apprêtant à se marier avec un partenaire catholique, des couples qui s’étaient unis sans passer par le sacrement de mariage, des personnes issues de milieu catholique, mais ayant vécu longtemps sans recevoir de connaissances religieuses, ou même n’ayant pas encore reçu le baptême. Les besoins en matière d’enseignement religieux étaient très grands, mais cet enseignement était surtout dispensé à l’archevêché lorsque j’y étais. Ailleurs, dans les endroits éloignés, je ne pouvais m’y rendre que de temps en temps et je ne pouvais y enseigner en permanence. D’où la nécessité de former des dignitaires capables d’enseigner la doctrine et d’exercer des activités apostoliques dans ces lieux.

Il était capital d’assurer la formation du clergé pour le diocèse. C’était une tâche difficile en raison de nombreux facteurs. L’un d’eux consistait dans le fait que les enfants et adolescents de cette région montagneuse fréquentaient peu l’école. Si l’on voulait des séminaristes et des religieux dans l’avenir, il était indispensable de pousser les enfants à poursuivre le cursus complet des études. Cette persévérance était rare chez des enfants pauvres, vivant dans des villages reculés loin des écoles, dans des familles peu conscientes de la nécessité des études et encourageant peu leurs enfants en ce sens.

Il fallait donc se substituer à eux. Une des premières initiatives prises par le diocèse en ce sens aura été la distribution de récompenses et de prix pour les plus méritants des élèves. C’est ainsi qu’au début de l’année scolaire 1999, les meilleurs élèves reçurent en récompense 5 000 cahiers, des récompenses qui eurent un certain effet sur l’émulation scolaire puisque, pour l’année scolaire 2000, le nombre des cahiers distribués passa à 8 000. Cette année scolaire se sont 12 000 cahiers qui ont été offerts en récompense. En dehors de cet encouragement fourni aux meilleurs, il a fallu aussi se préoccuper des élèves pauvres, leur permettre d’acheter des fournitures solaires et de s’acquitter des frais de scolarité.

Au bout de quelques années, les résultats de cet encoura-gement scolaire se font sentir. Un certain nombre de jeunes gens ont terminé leurs études secondaires, entamé leurs études universitaires et se préparent à entrer au séminaire. Des jeunes filles sont parvenues en classe terminale et ont acquis leur diplôme de fin d’études secondaires. Elles vont pouvoir solliciter leur admission dans une congrégation religieuse. Notre diocèse a actuellement trois séminaristes “officiels” qui poursuivent leur formation sacerdotale au grand séminaire régional de Hanoi. D’autres se préparent à y entrer. C’est l’avenir de notre diocèse.

Enfin nous nous efforçons de réaliser des projets sociaux susceptibles d’aider la population. En ce domaine, la présence de spécialistes en économie, capables d’animer et de conduire l’action est nécessaire. Pour le moment, le diocèse a réalisé un certain nombre de forages de puits permettant à la population des villages de bénéficier d’eau potable. En divers lieux, nous avons établi à l’intention des pauvres des points de distribution des médicaments les plus utilisés, contre le paludisme, la dysenterie, etc.

En cette région reculée, recevez-vous la collaboration de l’Eglise du Vietnam et vous sentez-vous en communion avec elle ?

Je fais une première constatation : quiconque, au Vietnam, entend parler de Lang Son, éprouve aussitôt de la sympathie pour l’Eglise en cette région et manifeste son désir de l’aider. Ce sentiment est général dans le peuple de Dieu au Vietnam, mais on le trouve en premier lieu dans la hiérarchie, du cardinal de Hanoi jusqu’aux évêques des autres diocèses. C’est une partie de l’Eglise locale dont ils se soucient, s’informent et à laquelle ils sont tout disposés à prêter main forte lorsqu’ils sont sollicités. Ils ne manquent jamais, à diverses occasions, de solliciter les prières de leurs fidèles pour ce diocèse. Leurs initiatives d’assistance revêtent de nombreuses formes. En particulier, ils sont prêts à détacher des membres de leur clergé pour collaborer à la pastorale et à l’évangélisation de Lang Son.

Mais il faudra sans doute un certain temps encore pour que notre diocèse puisse accueillir ces contributions et mettre à profit ces offres d’assistance. Aujourd’hui, un prêtre de Thai Binh a été mis à la disposition de notre diocèse et exerce son activité pastorale dans la région de Cao Bang. Deux autres sont venus du diocèse de Long Xuyên et travaillent dans la région de Lang Son. Bien que ce soit chaque fois pour un laps de temps déterminé et qu’il faille chaque fois une autorisation, cette aide est cependant tout à fait précieuse.

La solidarité des évêques du Vietnam avec les activités évangélisatrices menées sur nos montagnes, on a pu la remarquer au cours de la réunion annuelle de la Conférence épiscopale du Vietnam, qui a eu lieu au mois de septembre juste avant le Synode des évêques à Rome. Au cours des élections destinées à choisir les membres du Bureau permanent et les présidents des diverses commissions épiscopales, les évêques d’un certain âge, aux commandes jusqu’à présent, ont fait en sorte que les évêques nouvellement nommés accèdent aux responsabilités. J’ai été frappé par le climat de joie, de communion et d’ouverture qui a marqué notre réunion de cette année. A coup sûr, l’arrivée de nouveaux évêques au sein de l’épiscopat du Vietnam a rendu les débats plus animés et plus gais, et, en fin de compte, a rendu le travail plus facile. Dans cette ambiance, j’ai ressenti plus distinctement la communion profonde des évêques avec Lang Son, avec le peuple de Dieu qui y réside. Les évêques vietnamiens sont tous désireux de rendre visite à Lang Son et à lui porter assistance en tous les domaines. C’est particulièrement le cas de l’évêque de Long Xuyên, toujours prêt à nous aider en tous les domaines, chaque fois qu’un besoin se fait sentir, dans le domaine du personnel, des établissements matériels, ou encore des finances.

Il faut aussi parler des relations de notre diocèse avec l’Eglise universelle. Beaucoup de prêtres français sont montés nous voir à Lang Son. Les prêtres des Missions Etrangères portent une attention spéciale à notre diocèse, non seulement parce que son évêque a poursuivi ses études à Paris où il les a bien connus et fréquentés, mais surtout parce que, à cause de leur esprit missionnaire, ils cherchent le moyen d’aider à l’évangélisation de cette région.

En raison de cette communion avec l’Eglise locale et universelle, je ne ressens aucun sentiment de solitude. Nos préoccupations pastorales à Lang Son sont partagées par beaucoup d’autres. Représentant de l’Eglise en cette région, je sens derrière moi, me soutenant de toute sa force, toute l’Eglise du Vietnam, l’Eglise universelle. Je bénéficie de la sympathie de mes frères et de leur disponibilité à m’aider. Dans l’exercice de mon apostolat, c’est pour moi une grande source de consolation et de joie.

Comment voyez-vous la relève sacerdotale et laïque ?

La question des prêtres est, en effet, cruciale. A mon arrivée, dans le diocèse, il n’y avait qu’un prêtre âgé et faible. Son décès a eu lieu l’année suivante. Après lui, le diocèse n’avait plus que son évêque. Mais grâce à Dieu, il y a eu ensuite l’arrivée d’un prêtre de Thai Binh, le P. Hanh pour Cao Bang et des deux prêtres de Long Xuyên, les PP. Thê et Hoàng, venus collaborer à Lang Son. Sur les trois séminaristes qui poursuivent leurs études à Hanoi, deux sont près d’achever leur formation et pourront être ordonnés dans les années qui viennent. Les jeunes gens qui aspirent à devenir prêtres sont assez nombreux, actuellement une vingtaine. C’est déjà un nombre remarquable. On peut donc espérer qu’à Lang Son, dans les dix ou vingt années à venir, il y aura un nombre de prêtres suffisant pour assurer le service du peuple de Dieu.

Mais pour le moment, à cause de l’absolu manque de prêtres, on ne peut compter que sur les laïcs. Dans leur majorité, ils sont dynamiques et zélés. Mais leur absence de formation limite et restreint leurs activités. La formation est vraiment la tâche urgente à accomplir, pour qu’ils acquièrent les connaissances indispensables et se lancent dans la collaboration à l’œuvre pastorale. Malgré cette carence en matière de formation, leur bonne volonté est évidente. Tous les projets lancés dans le diocèse ont reçu aussitôt leur soutien total. Il faut dire que les visites permanentes de leur évêque leur ont apporté beaucoup de dynamisme et ont renforcé leur assurance dans leur vie de foi. Ils ont su ouvrir leur cœur à tous ceux qui vivaient auprès d’eux, se rendre auprès des plus pauvres, des malades jusqu’aux villages les plus reculés où ils résidaient.

Le travail des laïcs a été précieux pour le maintien et la restauration des églises, pour l’organisation des cérémonies liturgiques, mais surtout dans les relations avec les autorités locales pour que toutes les activités religieuses dans les paroisses se déroulent correctement. Ils ont fait fonction de passerelles permettant d’obtenir la compréhension des autorités. Dans les endroits où les conseils pastoraux entretiennent de bonnes relations avec l’administration locale, les activités religieuses se déroulent sans problème. Même chose pour les autres activités. Par exemple, le forage des puits s’accomplit sans difficulté. La distribution des récompenses aux élèves méritants, dont beaucoup ne sont pas catholiques, est effectuée sous la présidence du chef de hameau.

Le diocèse de Lang Son espère bien voir se lever une génération de laïcs adultes et bien formés capables d’assumer les nombreuses responsabilités à prendre en charge dans un diocèse manquant momentanément de prêtres.