Eglises d'Asie

Les responsables militaires mettent en garde contre toute tentative visant à imposer la charia aux musulmans indonésiens mais disent vouloir respecter le vote des parlementaires à ce sujet

Publié le 18/03/2010




Le 2 novembre dernier, le porte-parole des forces armées indonésiennes, le vice-maréchal Graito Usodo, de l’armée de l’air, a déclaré que les militaires du pays s’opposeraient à toute “tentative de coercition” menée par des groupes islamiques pour forcer la représentation nationale à voter une loi faisant obligation aux musulmans du pays d’observer les prescriptions de la Loi musulmane ou charia. “Nous sommes opposés à toute action de force menée par quelque parti politique que ce soit. Mais si le processus (visant à introduire la charia dans la Constitution) est démocratique, nous l’accepterons”, a précisé le vice-maréchal Usodo, qui a ajouté : “Nous laissons la question entièrement entre les mains de l’Assemblée consultative du peuple (MPR). C’est elle qui est responsable.”

La déclaration du porte-parole des forces armées est intervenue au lendemain de la manifestation organisée devant les grilles du MPR par de petits partis islamiques qui ont réuni quelques centaines de leurs partisans pour demander l’introduction de la charia dans la Constitution. Ces manifestants demandaient également le vote d’une loi contre le vice. Le 1er novembre correspondait à l’ouverture de la session annuelle du MPR, qui doit durer 10 jours. Il est prévu que soit mise en place à cette occasion une commission constitutionnelle chargée d’étudier les amendements à apporter à la Constitution de 1945. Une proposition d’amendement, connue sous l’appellation de “Charte de Djakarta” et qui porte sur l’application de la charia aux quelque 86 % des 210 millions d’Indonésiens qui se réclament de l’islam, sera un des points clés que cette commission aura à étudier.

A côté des partis islamiques radicaux, très minoritaires, peu de grandes formations politiques militent pour l’introduction de la charia dans la Constitution. Le Parti du développement uni, du vice-président Hamzah Haz, est l’un d’entre eux, mais aussi bien les deux grandes organisations musulmanes de masse du pays (1), le Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah, que le parti de la présidente Megawati Sukarnoputri et le Golkar, formation de l’ex-président Suharto, se sont prononcés contre ce changement (1).