Eglises d'Asie

Mindanao : selon des responsables militaires philippins, la santé du missionnaire italien kidnappé le 17 octobre dernier se dégraderait

Publié le 18/03/2010




Selon le brigadier-général Angel Atutubo, chef des unités de l’armée philippine chargée de retrouver le P. Giuseppe Pierantoni, missionnaire italien enlevé le 17 octobre dernier à Dimataling, dans la province de Zamboanga del Sur, à Mindanao (1), les ravisseurs du prêtre ne cessent de se déplacer pour échapper aux poursuites de l’armée. “Nous nous rapprochons et c’est pourquoi ils changent de lieux en permanence, emmenant avec eux le prêtre retenu captif”, a-t-il déclaré le 10 novembre dernier. “Nous avons également reçu des informations selon lesquelles le prêtre s’affaiblit rapidement”, a-t-il précisé, ajoutant que l’armée tenait les ravisseurs pour responsable de la vie et de l’état de santé du religieux. Membre de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus (déhoniens), le P. Pierantoni est âgé de 44 ans.

Le lieutenant-général Roy Cimatu, commandant en chef des forces armées à Mindanao, a déclaré qu’il comptait sur des informations fournies par des membres capturés par ses services du groupe “Pentagon”, groupuscule qui a revendiqué l’enlèvement, pour localiser les ravisseurs et leur otage. Selon des sources militaires, la demande de rançon s’élèverait désormais à 10 millions de pesos (environ 200 000 dollars américains), en hausse par rapport aux 8 millions évoqués à la fin du mois d’octobre. Cependant, le 14 novembre, Mgr Zacharias Jimenez, évêque de Pagadian, diocèse où est situé Dimataling, a déclaré qu’il avait reçu la visite d’émissaires qui, au nom des ravisseurs, ont demandé à l’Eglise de payer “ce qu’elle pouvait se permettre de payer”, sans préciser de montant précis. Mgr Zacharias a ajouté que, dans la réponse qu’il avait donnée à ces émissaires, il avait indiqué que “l’Eglise ne versait pas de rançon mais qu’elle pourrait peut-être contribuer aux frais d’hébergement” du missionnaire italien. Par le passé, à l’occasion de prises d’otages précédentes, l’euphémisme “les frais d’hébergement” a évité que le mot rançon soit prononcé tout en permettant des versements parfois très inférieurs aux sommes exigées de prime abord par les ravisseurs. Selon certaines sources, les ravisseurs du P. Pierantoni aurait remis leur otage à un autre groupe criminel mais ce dernier, talonné par l’armée, souhaiterait hâter les négociations en vue de la libération. Mgr Jimenez espère que celle-ci puisse intervenir avant le début du ramadan bien qu’il n’ait, au jour du 14 novembre, pas reçu de nouvelles des émissaires envoyés par les ravisseurs. Les deux lettres qu’il a envoyées par différentes voies au P. Pierantoni et dans lesquelles il l’encourageait en lui disant que, dans le diocèse, “des musulmans et des chrétiens se réunissaient afin de prier pour lui” n’ont pas reçu de réponse.

Le P. Jeremiah ( Jerry’) Sheehy, supérieur de la congrégation à laquelle appartient le P. Pierantoni, s’est déclaré “très frustré” par les développements de cette affaire, “rien ne pouvant être tenu pour acquis ou certain”. Il a toutefois ajouté qu’il ne pensait pas le groupe Abu Sayyaf, comme l’ont rapporté certains médias locaux, puisse être derrière cet enlèvement. Selon lui, le missionnaire italien est probablement détenu dans une des deux provinces de Lanao, situées à l’ouest de Pagadian.