Eglises d'Asie

Pyongyang réagit avec virulence au rapport du département d’Etat américain qualifiant la Corée du Nord d’Etat où la liberté de religion n’existe pas

Publié le 18/03/2010




Quatre jours après la publication par le département d’Etat américain de l’édition 2001 de son rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde, les autorités nord-coréennes ont réagi avec virulence, qualifiant le rapport de « calomnie sans fondement » et faisant donner de la voix les associations religieuses officielles du pays. Accusant les Etats-Unis de tuer des musulmans par la campagne de bombardements aériens en Afghanistan, le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’il « était évident, par conséquent, que les Etats-Unis n’étaient pas en position de faire la leçon à aucun pays étranger au sujet des questions religieuses ».

Publié le 26 octobre dernier, le rapport américain place la Corée du Nord aux côtés de pays tels que la Chine populaire, l’Iran, l’Iraq, la Birmanie et le Soudan où le « respect » de la liberté religieuse est cause de « soucis particuliers ». Bien que la Constitution nord-coréenne garantisse la liberté de croyance et que le gouvernement reconnaisse officiellement l’existence de plusieurs groupements religieux, il n’existe pas de réelle liberté religieuse dans le pays, peut-on lire dans ce rapport. Il y est aussi précisé que la Corée du Nord craint que les actions humanitaires menées par des organisations sud-coréennes d’inspiration confessionnelle (souvent chrétiennes) sur le versant chinois de sa frontière septentrionale « ne puissent évoluer vers des objectifs plus politiques », comme le renversement du régime communiste au pouvoir à Pyongyang. En dépit d’une certaine ouverture manifestée à la fin des années 1980, « selon plusieurs sources qui ne peuvent être indépendamment confirmées, des personnels religieux ou des personnes qui ont des liens avec les groupes évangéliques étrangers qui opèrent à partir de la frontière avec la Chine semblent avoir été arrêtées et condamnés à des lourdes peines », lit-on encore dans ce rapport.

Le 30 octobre, à Pyongyang, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a rendu public un communiqué rédigé en anglais où l’on pouvait lire, entre autres, que « les Etats-Unis invoquent leurs propres lois comme s’ils étaient les juges des questions religieuses ». La Corée du Nord « continuera à consolider et développer le socialisme selon ses propres critères quoique puissent en dire d’autres personnes », a déclaré le porte-parole qui a ajouté que son pays demandait aux Etats-Unis d’admettre que ses forces armées avaient détruit des bâtiments religieux et tué des personnels religieux durant la guerre de Corée (1950-53). L’Association coréenne des religionnaires (sic) a publié un démenti au rapport américain, affirmant que « chacun sait que nos religionnaires jouissent d’une liberté de religion complète ». Le 2 novembre, à la radio, Chang Jao-on, chef de l’Association nord-coréenne des catholiques romains, a dressé la liste des services religieux conduits par des personnalités religieuses étrangères en Corée du Nord, citant notamment les visites du télé-évangéliste américain Billy Graham à Pyongyang en 1992 et 1994. Les 5 et 6 novembre, c’était au tour de la Fédération nord-coréenne des chrétiens et à la Fédération coréenne des bouddhistes de publier des communiqués condamnant les bombardements par les forces américaines de lieux de culte durant la guerre de Corée.