Eglises d'Asie

Confucius aura son mot à dire pour déterminer le prénom du bébé princier tant attendu

Publié le 18/03/2010




Donner un prénom à un enfant premier né n’a jamais été une tâche facile pour les parents. Ce ne sera pas le cas pour le prince héritier Naruhito et sa femme Masako qui, après huit ans de mariage, attendent avec impatience la naissance imminente du possible futur héritier du trône. Selon la tradition, en effet, c’est l’empereur régnant qui détermine le prénom des enfants de son fils aîné, le prince héritier. Si le bébé est un garçon, il occupera la deuxième place dans la lignée des prétendants au trône. Si c’est une fille, la loi lui interdira de régner. Selon la tradition impériale, très respectée au Japon, le nom du bébé sera composé de deux caractères chinois. Si c’est un garçon, son prénom se terminera certainement par le caractère “hito”. Si c’est une fille, ce sera vraisemblablement le caractère “ko”. ” Hito’ est le critère de la plus haute moralité. Celle à laquelle un chef devrait toujours tendre.’Ko’ désigne une noble dame”, explique Yasuo Ohara, professeur de lettres classiques de l’université Kokugakuin. La famille impériale est tributaire d’une tradition de plusieurs siècles et déjà, au IXe siècle, régnait un empereur dont le nom se terminait par “hito 

Le prénom du plus jeune frère de Naruhito, le prince Akishino, est Fumihito et sa plus jeune sœur, la princesse Nori, s’appelle Sayako. Le dernier empereur de l’ère Showa était Hirohito, le grand-père du prince héritier, Naruhito, le futur papa.

En dehors de la famille impériale, on trouve rarement un garçon dont le prénom se termine par “hito” alors que les prénoms se terminant par “ko” pour les filles étaient jusqu’il y a peu très courants. Les Michiko et les Kazuko dominaient les listes de prénoms depuis des années 1920, ce qui n’est déjà plus le cas aujourd’hui, révèle une enquête de la Compagnie d’assurance vie Meiji. La tendance actuelle des parents est de choisir des prénoms dont les caractères chinois sont liés à la nature, l’océan, la campagne ou des noms de fleurs, explique Hideyasu Chiba, un des porte-parole de cette société d’assurance. Des noms de filles à résonance exotique comme Ami, Reina ou Rina, font fureur.

Il est peu probable que l’empereur tienne compte de la mode. “Jadis, ce genre de prénoms était réservé aux gens du spectacle ou aux hôtesses de bar”, fait remarquer Ohara. Plutôt que les listes de prénoms proposés par la presse du cœur, l’empereur tournera les pages des classiques chinois et japonais pour y découvrir le caractère adéquat qui composera le nom de son petit-fils. Aidé par des universitaires et des spécialistes, il cherchera le caractère qui viendra compléter celui de “hito” ou de « ko”. L’empereur Showa avait trouvé pour son fils héritier le caractère de “naru” (qui signifie “humanité dans les œuvres de Confucius.

Selon le professeur Ohara, la maison impériale a déjà présenté à l’empereur les prénoms répertoriés par les spécialistes. Dès sa naissance, commencera pour le nouveau-né le temps des cérémonies rituelles. Le jour de sa naissance ou le lendemain, l’empereur présente le bébé accompagné d’un sabre de parade de samouraï si c’est un garçon ou, si c’est une fille avec un “hakama”, une longue jupe de cérémonie, apanage des femmes de la cour. Une semaine plus tard, sera annoncé le nom et seront lus des textes écrits dans le style de la littérature chinoise classique, pour souhaiter santé, bonheur et prospérité au bébé. Il est à parier que le public s’emparera très vite du nom princier pour le mettre à la mode. Quand Naruhito est né en 1960, il avait reçu le nom de prince Hiro. Cette année-là, les prénoms qui s’écrivaient avec le caractère “hiro” faisaient partie des dix prénoms les plus usités de la liste, Hiroshi étant le plus populaire.