Eglises d'Asie

Des militants hindouistes s’en prennent à un temple ouvert aux basses castes et aux non-hindous

Publié le 18/03/2010




Le 15 novembre dernier, la ville de Tellichery, dans l’Etat du Kerala, a cessé toute activité, fermé ses boutiques et interrompu la circulation en protestation contre l’agression de son temple par un groupe de jeunes hindous, sans doute membres de groupes de l’extrême droite hindoue, qui avait eu lieu dans la nuit précédente. Cette nuit-là, les jeunes vandales s’étaient acharnés contre un temple de la ville appelé “Temple du Seigneur de l’univers”, qui a pour particularité d’être accueillant aux basses castes et aux membres d’autres religions. Avec les noix de coco placées dans le temple en offrandes à la divinité, ils avaient brisé les fenêtres et démoli l’autel. Ils s’en étaient également pris au poste de police situé dans l’enceinte du lieu saint, ainsi qu’à l’hôtellerie où des femmes qui y résidaient avaient été agressées.

Le temple de Sree Jagannatha ( Seigneur de l’univers’) a été fondé en 1907 par un hindou réformiste, Sree Narayana Guru, en réaction contre la coutume prévalant à l’époque d’interdire aux membres des basses castes de pénétrer dans les lieux de culte hindous. Selon le président du comité de gestion du temple, K.P. Ratnakaran, l’intervention des jeunes militants hindouistes aurait eu pour motif la récente décision prise par les responsables du temple de permettre aux musulmans de pénétrer à l’intérieur dans le lieu de culte hindou, alors que la plupart des temples n’acceptent en leur sein que les seuls hindous.

Les esprits se seraient encore plus échauffés avec la nomination d’un musulman au comité de gestion du temple. Cette décision aurait irrité un certain nombre de jeunes qui se qualifient eux-mêmes de militants du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) et du Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS). Ceux-ci ont d’abord essayé d’entrer dans l’hôtellerie des femmes employées du temple, établissement géré par les responsables du temple. Les jeunes se seraient retournés ensuite contre le membre musulman du comité de gestion du temple, lorsque celui-ci est accouru au secours des résidentes de l’hôtellerie.

Les responsables BJP et RSS de la région ont aussitôt démenti l’implication de leurs militants dans cette affaire. Un dirigeant du RSS a déclaré qu’il s’agissait là d’un conflit de longue date entre les responsables du temple et la population sur des questions qui seraient “purement locales”.

Ce n’est pas la première fois que des troubles ont lieu autour de ce temple. Il y a quelques années, de violents incidents avaient opposé des militants RSS à des communistes. A cette époque les autorités avaient fait retirer du temple une pancarte en interdisant l’entrée aux non-hindous.