Eglises d'Asie

L’archevêque et le clergé de Hanoi protestent publiquement contre de nouvelles constructions entreprises par l’Etat sur un terrain appartenant à l’Eglise

Publié le 18/03/2010




Selon des informations envoyées par un juriste catholique d’une paroisse de la capitale, le cardinal Pham Dinh Tung puis l’ensemble du clergé de Hanoi ont rédigé et signé chacun à leur tour une lettre ouverte à l’Etat vietnamien pour faire valoir les droits de propriété de l’Eglise sur un terrain du domaine de l’archevêché, accaparé par le gouvernement, et prier celui-ci d’interrompre immédiatement les travaux entrepris récemment. Selon les informations reçues, les deux lettres ont été lues dans les églises de la capitale au cours des messes du dimanche 11 novembre.

Depuis l’année 1958, le gouvernement s’était approprié le terrain en question où se trouvait jadis l’ancienne nonciature apostolique. Toutes les tentatives de récupération tentées par les responsables de l’archidiocèse qui ont en main des documents officiels de propriété, auprès du Comité populaire de l’arrondissement de Hoan Kiêm, ont également échoué. Au contraire, il y a quelques années, sur ce terrain qui jouxte les bâtiments de l’archevêché et du grand séminaire régional, avaient été bâties une piscine couverte surmontée d’un étage et une sorte de discothèque. Les bruits de la batterie accompagnant la musique rythmée de cet établissement étaient peu propices au recueillement nécessaire aux retraites sacerdotales annuelles et à la concentration des séminaristes étudiant en ces lieux.

Récemment, sans avertissement préalable, les autorités ont entrepris la démolition d’une partie de l’ancienne discothèque et ont commencé à creuser de nouvelles fondations s’avançant même à l’intérieur du domaine réservé jusqu’ici à l’archevêché. Ce sont ces nouveaux travaux qui ont provoqué les actuelles protestations du diocèse de Hanoi. Une première lettre a été envoyée au gouvernement par le cardinal, s’élevant contre l’occupation du terrain par les autorités et réclamant la cessation immédiate des travaux entrepris. Peu de temps après, lors de la retraite annuelle du clergé de Hanoi, les bruits des machines utilisées pour creuser le terrain ayant assourdi les oreilles des retraitants réunis à l’archevêché, le problème s’est reposé. La totalité des prêtres de l’archidiocèse a rédigé et signé une nouvelle lettre priant les responsables politiques de mettre un terme à leur projet. Ce sont, semble-t-il, ces deux lettres qui ont été lues dans les églises de Hanoi, le 11 novembre.

Dans la semaine qui a suivi la lecture publique de la lettre, on a pu voir, dans certaines églises, des membres âgés de la congrégation de la Vierge Marie présenter à la signature des fidèles un texte réclamant le retour au diocèse du terrain accaparé par l’Etat. Des étudiants catholiques se sont également concertés pour étudier les moyens d’action les plus appropriés pour récupérer la propriété d’Eglise.

L’affaire de Hanoi est loin d’être isolée. A Huê, une grande partie du domaine d’un monastère bénédictin de Thiên An a été récemment confisquée afin d’y construire également un centre de loisirs et de distractions. Les religieux ont fait appel au pouvoir central pour essayer d’entraver les travaux entrepris par les autorités locales, jusqu’ici en vain (1). Des constructions nouvelles ont été également mises en chantier par les autorités civiles à Hô Chi Minh-Ville dans la paroisse de Binh Phuoc, sur un terrain prêté au gouvernement par l’archidiocèse en 1976. La décision de nouveaux travaux a été prise sans aucune négociation préalable avec les responsables religieux (2). Il semble que l’archevêque de Saigon est décidé à tenir une position très ferme en ce domaine et s’en est déjà entretenu avec son conseil. L’archidiocèse est en train de centraliser l’ensemble des documents témoignant de la propriété de l’Eglise sur les divers établissements cédé temporairement à l’Etat en 1975. D’autres problèmes du même type, non encore réglés, existent dans d’autres diocèses comme celui de Nha Trang (3), de Da Nang et bien d’autres. Des protestations ont également été envoyées aux plus hautes autorités.