Eglises d'Asie – Népal
Le responsable de l’Eglise catholique au Népal estime que la violence n’est pas une réponse adéquate aux maux dont souffre son pays
Publié le 18/03/2010
Selon le ministre népalais de l’Intérieur, Devendra Raj Kandel, le calme est revenu au Népal après que le roi Gyanendra eut déclaré l’état d’urgence dans tout le royaume le 26 novembre dernier. Cette mesure qui avait été prise pour la dernière fois en 1960 fait suite à la violente offensive lancée le 23 novembre par la rébellion maoïste du Parti communiste népalais en différents lieux du pays, ayant fait sans doute près de 280 morts (1). Sur le conseil du gouvernement dirigé par le Premier ministre Sher Bahadur Deuba, le roi a également donné l’ordre de déployer l’armée pour lutter contre la rébellion. Jusqu’ici, la police avait fait le principal des frais des attaques des rebelles et qui avait été utilisée pour lutter – sans toujours beaucoup de succès – contre les rebelles maoïstes. Avec l’engagement de l’armée, les autorités du royaume veulent signifier que tout sera mis en œuvre pour préserver la monarchie constitutionnelle du Népal.
La rébellion maoïste au Népal, qui se réclame du Sentier lumineux péruvien, a commencé à se faire connaître en 1996. Estimé à 5 000 personnes, le Parti communiste népalais milite pour le renversement de la monarchie constitutionnelle, en place depuis 1990, et l’instauration d’une république maoïste. Implantés principalement dans l’ouest du pays, région reculée et pauvre, les insurgés ont peu à peu pris le contrôle de certaines zones et administreraient directement une trentaine des 75 districts que compte le pays. En cinq ans, la rébellion a fait quelque 2 000 morts. En juin dernier, après le massacre de la famille royale par le prince héritier, la rébellion avait intensifié ses attaques, protestant contre le couronnement du nouveau roi, Gyanendra, frère du défunt. Beaucoup moins populaire que son frère, le nouveau roi a récemment intronisé prince héritier son fils, pourtant détesté de la population. L’espoir d’un règlement pacifique avait cependant surgi en juillet dernier après l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement mené par Sher Bahadur Beuda, élu principalement sur sa capacité supposée à mettre fin à la révolte. Les rebelles avaient alors accepté un cessez-le-feu assorti de négociations. Mais, malgré les trois sessions de pourparlers organisées depuis, aucun accord n’a été trouvé, les discussions achoppant sur l’exigence des rebelles d’instaurer une république. Or, le gouvernement, soutenu par l’opposition, refuse fermement la formation d’une Assemblée constituante susceptible de modifier la Constitution. Selon le quotidien français Libération, daté du 27 novembre, le dirigeant des maoïstes, Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda, aurait prévenu quelques jours avant le 23 novembre que la trêve « pourrait perdre son sens » si les négociations ne progressaient pas. En proie à une opposition interne au sein de son mouvement, il aurait approuvé les actions meurtrières du week-end du 24-25 novembre.
Selon la Constitution, l’état d’urgence peut durer six mois, à condition d’être ratifié par le Parlement dans les trois mois. Les libertés d’expression, de rassemblement et de mouvement ont été suspendues et la liberté de la presse restreinte. Le gouvernement a déclaré que les maoïstes et leurs sympathisants étaient des terroristes et il a proscrit toutes leurs activités. Le 27 novembre, Rabindra Khanal, professeur de sciences politiques à l’université Tribhuvan de Katmandou, a estimé que l’ensemble de ces mesures allait créer une forte pression sur les maoïstes pour revenir à la table des négociations. « Si les rebelles choisissent de ne pas revenir négocier, il se peut que nous entrions dans une longue et durable guerre civile », a-t-il estimé.