Eglises d'Asie

Un évêque catholique demande au gouvernement de protéger les salariés d’un constructeur automobile en difficulté

Publié le 18/03/2010




Pour défendre ses diocésains, un évêque catholique a demandé au gouvernement sud-coréen de tout faire pour éviter la disparition d’une usine de construction automobile dont la fermeture est prévue par un plan de rachat transnational. Le “protocole d’accord” signé par la compagnie américaine General Motors et la firme automobile sud-coréenne Daewoo devra être reconsidéré et amendé pour que soit mis sur pied un contrat plus juste et rationnel qui sauvegarderait et le bien commun de tous et les droits individuels, a déclaré Mgr William J. McNaughton, évêque d’Inchon. Le gouvernement, les créanciers de Daewoo et la direction devraient “humblement” admettre les carences de ce protocole d’accord, écrit l’évêque dans une lettre pastorale datée du 11 novembre dernier.

Ce protocole a été co-signé par General Motors et les créanciers de Daewoo le 21 septembre. Le troisième grand constructeur d’automobiles sud-coréen, dans l’impossibilité d’éponger une dette de 17 milliards de dollars, avait été mis en faillite en novembre 2000. D’après le protocole d’accord, la société américaine achèterait deux implantations industrielles en Corée du Sud, les usines d’Egypte et du Vietnam et les points de vente répartis dans une vingtaine de pays. Quant à l’implantation de Bupyong, vieille de 29 ans et qui emploie la moitié des 15 700 employés de Daewoo en Corée du Sud, elle est exclue de ce plan de rachat. Le protocole, souligne l’évêque, ne respecte pas la promesse du gouvernement et des créanciers de “sauver l’usine coûte que coûte” et trahit la confiance des citoyens. La faillite de Daewoo Motors, pièce maîtresse de l’économie d’Inchon, a provoqué “une crise économique dans la région, accompagnée de nombreux licenciements et d’une insécurité de l’emploi qui s’est étendue à toute la sous-traitance”, précise encore l’évêque d’origine américaine.

Depuis cette faillite, continue Mgr McNaughton, “l’Eglise s’inquiète beaucoup de l’avenir de l’usine de Bupyong, à cause de l’énorme impact que provoquerait sa fermeture dans l’économie locale”. Il note que General Motors a repris Daewoo Motors à “un prix incroyablement bas comparé à ses actifs” et réalisera ainsi des bénéfices financiers considérables au détriment du gouvernement sud-coréen. Il souligne également que, d’après le protocole, le constructeur américain n’a pas obligation de garantir l’emploi des actuels salariés. L’évêque demande donc à General Motors de donner du travail à la main-d’œuvre locale et de travailler au bien public, soulignant que la recherche du seul profit financier ne peut que générer des conflits. Notant que “plus de 6 000 salariés ont déjà perdu leur travail”, il affirme comprendre “combien est grande leur souffrance”. Mais dans le même temps, l’évêque demande aux membres du syndicat ouvrier de Daewoo Motors et à leurs familles de rester ouverts et tolérants en coopérant avec la nouvelle direction pour, par le dialogue, normaliser la production. Il demande aussi aux catholiques de son diocèse de se montrer fraternels, spécialement à l’égard des employés de Daewoo en difficulté.

Daewoo connaît de graves difficultés depuis la crise financière asiatique de 1997-1998. En février 2001, les salariés de Daewoo se sont mis en grève après que la compagnie eut annoncé le licenciement de 1 750 employés, se conformant ainsi à un plan dicté par le tribunal de commerce.