Eglises d'Asie

A la suite d’une campagne de sensibilisation menée par les grandes religions représentées dans le pays, les parlementaires ont déposé un projet de loi visant à l’abolition de la peine de mort

Publié le 18/03/2010




La présentation au Parlement d’un projet de loi en faveur de l’abolition de la peine de mort en Corée du Sud fait suite à une campagne interreligieuse dont l’Eglise catholique avait pris la tête (1). 155 députés, issus aussi bien de l’opposition que de la majorité et formant un bloc majoritaire à la Chambre des députés, ont présenté le projet à l’Assemblée nationale le 30 octobre dernier. Si ce projet est adopté, il supprimerait les dispositions relatives à la peine de mort prévues tant dans le code pénal que dans le code militaire et commuerait les sentences capitales déjà prononcées et non exécutées en peines de prison à vie. D’après Chyung Dai-chul, rapporteur du projet, “il y a contradiction à vouloir prendre la vie d’un criminel au nom d’une justice criminelle qui spécifie elle-même que le caractère sacré de l’homme et de sa vie sont garantis par la Constitution”.

Chyung Dai-chul, parlementaire de confession protestante et membre du Parti démocratique du millénaire, a expliqué devant les journalistes que la peine de mort refusait au criminel la possibilité de se réformer, de s’améliorer et de retourner à la vie normale. Il a souligné que “la société sud-coréenne avait davantage pris conscience de la nécessité d’abolir la peine de mort depuis que, il y a 14 ans, avait débuté le mouvement abolitionniste interreligieux ». L’Eglise catholique a ensuite pris la tête de ce mouvement et lancé une campagne d’ampleur nationale en décembre 1999. Des représentants du protestantisme, du bouddhisme, du bouddhisme won, du confucianisme et du Chondo-Gyo ont donné à cette campagne son assise interreligieuse quand, en juin dernier, quelque 500 personnes promirent devant l’Assemblée nationale de travailler à cette abolition. Auparavant, le 26 octobre, le cardinal Etienne Kim Sou-hwan avait rencontré six condamnés à mort, de confession catholique, à la Maison d’arrêt de Séoul, à Uiwang, et, à cette occasion, il avait redit que la peine de mort devait être abolie. L’archevêque en retraite de Séoul avait célébré une messe pour les six catholiques meurtriers et déjeuné avec eux.

Entre 1987 et 1997, dix exécutions capitales ont eu lieu en Corée du Sud. Depuis que le président Kim Dae-jung, lui-même jadis condamné à mort pour des raisons politiques, a pris ses fonctions à la tête de l’Etat en 1998, toutes les exécutions ont été suspendues. D’après le ministère de la Justice, les condamnés à mort en attente d’exécution sont au nombre de 40. Le député Chyung estime que le projet de loi sera voté sans difficulté étant donné que les 155 parlementaires qui le soutiennent forment une majorité à l’Assemblée nationale qui compte 273 sièges. Le 10 novembre, le cardinal Etienne Kim Sou-hwan s’est rendu à l’Assemblée nationale pour demander à son président, Lee Man-sup, un catholique, de soutenir ce projet. Cependant, avant d’être soumis au vote des députés, le projet de loi doit être approuvée par une commission de 15 députés dont seulement quatre se sont pour le moment déclarés favorables à l’abolition de la peine de mort.