Eglises d'Asie

Célèbes : l’évêque catholique de Manado demande aux Nations Unies d’intervenir pour que cessent les violences inter-communautaires à Poso et dans sa région

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Célèbes-Centre, les violences ayant fait rage à Poso et sa région et les communautés chrétiennes de cette partie de l’île de Célèbes ayant été victimes des attaques de groupes musulmans armés (1), l’évêque catholique de Manado a lancé le 2 décembre dernier un appel aux Nations Unies pour que cessent les heurts inter-communautaires dans son diocèse (2). Selon lui, depuis la flambée de violence des 27-30 novembre derniers, quinze personnes ont été tuées et plus de 10 000 chrétiens ont dû fuir leurs demeures. Ces personnes, le plus souvent des femmes, des enfants et des vieillards, ont trouvé refuge dans les forêts et les montagnes où “elles sont en danger de mort du fait des maladies et du manque de nourriture”, a déclaré Mgr Josephus Suwatan dont le diocèse couvre les provinces de Célèbes-Nord et de Célèbes-Centre. Le gouvernement indonésien doit envoyer immédiatement des renforts de troupes et les Nations Unies intervenir pour sauver les milliers de chrétiens de Poso, a ajouté l’évêque catholique, ancien président de la Conférence épiscopale d’Indonésie. “Etant leur pasteur, je suis profondément soucieux des conditions de vie faites à mon troupeau. Aidez-nous, venez à notre secours !”, a-t-il conclu.

Selon différents témoignages, les chrétiens de la région de Poso ont dû prendre la fuite devant leurs assaillants, des membres du Laskar Jihad et des musulmans locaux, parce que les forces de sécurité du gouvernement, police et armée confondues, se sont montrées incapables d’assurer leur sécurité. Selon le révérend Marson Moganti, du village de Sangginora, un des derniers villages attaqués, ce sont plus de 900 combattants musulmans qui ont donné l’assaut. Le 1er décembre, ils s’en prenaient aux villages de Sepe et de Batugencu, incendiant 88 maisons, deux temples protestants et un centre médical. Le 3 décembre, ils mettaient le feu à une église catholique dans la ville même de Poso. Le district de Poso n’abrite qu’une seule paroisse catholique, la paroisse Sainte-Thérèse, mais disposait de deux lieux de culte : l’un des deux a été incendié l’an dernier et le second a été réduit en cendres ce 3 décembre. Munis d’armes à feu et de grenades, les assaillants musulmans ont tué quatre militaires à Sepe.

Selon le responsable militaire de Poso, le colonel d’infanterie Suwahyuhadji, ceux qui s’en sont pris aux villages chrétiens de sa région venaient de Java. Après plusieurs jours durant lesquels les forces de sécurité ont été ou bien dépassées par les événements ou bien ont laissé faire, le gouvernement à Djakarta s’est décidé à reprendre les choses en main. Environ 2 000 militaires et policiers ont été envoyés en renfort sur place, pour épauler les 1 500 hommes déjà présents. Bambang Yudhoyono, le ministre responsable des questions de sécurité, s’est rendu sur les lieux pour évaluer la situation. Après avoir un temps considéré l’imposition de l’état d’urgence à Poso et ses environs, les responsables indonésiens y ont finalement renoncé. Selon des responsables de l’administration à Poso, la situation est désormais redevenue calme et les renforts de troupes devraient permettre aux musulmans de célébrer le 16 décembre la fin du ramadan et aux chrétiens le 24 décembre Noël dans le calme (3).

Par ailleurs, le 12 décembre, le chef des services de renseignement indonésiens, Abdullah Hendropriyono, a été reçu par la présidente Megawati Sukarnoputri pour l’informer de la situation à Célèbes. A la sortie de cet entretien, il a déclaré que “le problème à Poso était la résultante de la coopération entre le terrorisme international et des groupes radicaux actifs dans le pays”. Pressé de préciser sa pensée, il a laissé entendre que le réseau d’Oussama ben Laden, Al-Qaida, était impliqué, aux côtés du Laskar Jihad, dans ces événements. Il n’a toutefois pas apporté de preuves à l’appui de ses déclarations.