Eglises d'Asie

Comme souvent à pareille époque, le gouvernement philippin et la rébellion communiste se mettent d’accord pour observer un cessez-le-feu à l’occasion des fêtes de fin d’année

Publié le 18/03/2010




“A l’occasion de la journée mondiale des droits de l’homme, je déclare un cessez-le-feu unilatéral vis-à-vis de l’Armée pour un peuple nouveau (NPA – New People’s Army) qui prend effet aujourd’hui et jusqu’au 6 janvier (2002).” C’est par ces propos que la présidente philippine Gloria Macapagal-Arroyo a, le 10 décembre dernier, répondu à la proposition de cessez-le-feu adressée la veille aux autorités philippines par la NPA. Le 9 décembre en effet, la NPA avait informé les principales agences de presse à Manille que les rebelles communistes observeraient une trêve du 15 décembre 2001 au 15 janvier 2002 pour autant que les forces armées gouvernementales fassent de même.

Depuis 1969, date du début de l’insurrection communiste, 40 000 personnes ont trouvé la mort du fait des affrontements entre les rebelles marxistes et les forces armées gouvernementales (1). Ces dernières années, il était devenu quasi rituel que les deux parties cessent les hostilités au moment de Noël et du Nouvel An. Habituellement, c’était le gouvernement qui prenait l’initiative de ce geste et la NPA qui suivait. Cette année, l’inverse s’est produit et certains observateurs expliquent ce changement par le fait que les Etats-Unis viennent de placer la NPA et son fer de lance, “la Brigade Alex Boncayao”, sur leur “liste des organisations terroristes Les rebelles communistes auraient souhaité, en prenant l’initiative du cessez-le-feu, se démarquer de groupes terroristes comme le groupe Abu Sayyaf, inscrits sur cette liste.

D’Utrecht, aux Pays-Bas, où il est réfugié depuis une dizaine d’années, Luis Jalandoni, président du Front démocratique national (NDF) (2), dont la NPA est la branche armée, a déclaré, lors d’un entretien par téléphone radiodiffusé aux Philippines, que son parti avait proposé un cessez-le-feu “sur une base humanitaire et en tant que geste de bonne volonté de façon à permettre (aux deux parties) d’observer cette période traditionnelle de vacances et de profiter de l’esprit des fêtes de Noël et du Nouvel An”. Il a ajouté qu’il espérait que son geste permettrait la reprise des négociations de paix et la libération de prisonniers de part et d’autre. Le gouvernement Arroyo avait suspendu de précédents pourparlers pour un règlement politique de la rébellion marxiste après que la NPA eut assassiné deux parlementaires en mai et juin derniers (3). Selon Luis Jalandoni, des négociateurs des deux parties se sont rencontrés le 30 novembre dernier à Utrecht et les communistes de la NDF ont émis le souhait que la Norvège poursuive son rôle de facilitateur et d’intermédiaire.

Par ailleurs, le 11 décembre, à proximité de la ville de Cebu, au centre du pays, un commando de la NPA a pris le contrôle d’un bus de passagers. Après en avoir fait descendre le chauffeur et tous les occupants, les rebelles communistes y ont mis le feu. Selon un passager, un des membres du commando, une femme, s’est excusée de ce geste, précisant que leur action était menée en représailles contre la compagnie propriétaire du bus, “coupable” de ne pas payer “l’impôt révolutionnaire”. Un porte-parole de l’armée a dénoncé le comportement de la NPA et des communistes, accusant le fondateur du Parti communiste, Jose Maria Sison, de “duplicité”. “Il parle de paix et au même moment donne l’ordre à ses troupes d’attaquer des objectifs civils”, a-t-il déclaré à son propos.