Eglises d'Asie

Depuis les troubles de février 2001, la répression religieuse s’aggrave chaque jour dans la province de Dak Lak

Publié le 18/03/2010




Selon un rapport publié par l’Alliance évangélique du Canada (1) et confirmé par un témoignage prononcé devant une commission parlementaire canadienne par le pasteur Yhin Nie (2), la situation des protestants dans la province de Dak Lak s’est profondément détériorée depuis les troubles de février dernier (3). Le rapport passe en revue les plus graves des atteintes à la liberté religieuses dans les principaux districts de la province dont le chef-lieu est Buôn Ma Thuôt ainsi que la campagne ouverte menée par les autorités provinciales pour faire disparaître le christianisme évangélique de la région.

Dans le district de E-a Hleo, au nord de la province, les autorités du district et des communes incitent les cadres d’origine locale à considérer le christianisme évangélique comme un ennemi. Ces derniers sont chargés de forcer les chrétiens à abandonner leur foi et à revenir aux cultes ancestraux. Dans de nombreux villages énumérés dans le rapport est organisée une cérémonie appelée “cérémonie de repentance pour ceux qui suivent le christianisme Dega” (4). Elle consiste à absorber un mélange d’alcool et de sang de chèvre. Ceux qui refusent d’y participer sont menacés de prison ou de mauvais traitements. Effrayés par ces menaces, beaucoup de chrétiens auraient fui leurs villages et se seraient réfugiés dans la forêt.

Une cérémonie analogue aurait également eu lieu dans le village de Buon Sup du district voisin de E-a Sup, limitrophe de la frontière cambodgienne. De plus, les cadres communistes sont entrés dans une maison de ce même village en l’absence de son propriétaire, Ami Tiên. Ils l’ont fouillée de fond en comble, ont brisé la croix qui y était suspendue, déchiré la moustiquaire ainsi que tous les livres et documents religieux qu’ils ont trouvés. Le lendemain, le propriétaire Ami Tiên a été invité au siège de la Sécurité de la province. Là, les policiers lui ont reproché de ne pas avoir abandonné la foi chrétienne et l’ont menacé. A la suite de cet incident, 41 habitants du village ont décidé de s’échapper et personne ne sait aujourd’hui où ils sont.

Le rapport affirme que dans plusieurs villages du district de Ban Dôn, également limitrophe du Cambodge, à l’ouest de la province, des militaires et des cadres vivent en permanence dans les maisons de la population chrétienne dans le but de les forcer à abandonner le christianisme. Ils empêchent tous les rassemblements, interdisent les prières avant les repas ainsi que les prières du soir. Toutes les méthodes leur sont bonnes pour discréditer le christianisme. Un village de ce district de Ban Dôn, Buon Cuor Knia, est particulièrement maltraité, car, selon les cadres communistes, beaucoup de ses habitants sont partis aux Etats-Unis pour se battre contre le gouvernement vietnamien. Huit habi-tants du village ont essayé de s’enfuir au Cambodge, mais sont revenus après s’être perdus en route. Deux d’entre eux ont été arrêtés au mois de juillet, battus et, sans doute, internés en un lieu inconnu.

Le rapport fait également état de directives antireligieuses diffusées par les autorités provinciales, demandant de disperser tous les rassemblements et activités religieuses impliquant un grand nombre de fidèles. Les dirigeants chrétiens de la ville de Buôn Ma Thuôt ont été invités au siège de la police où il leur a été dit que les rassemblements cultuels ne pouvaient plus avoir lieu. Ils ont alors demandé que cette directive soit couchée par écrit, car il n’avaient pas l’habitude d’obéir à des consignes orales. Les autorités ont alors mis un terme à la réunion. D’autres mesures provinciales touchent les proches parents de ceux qui se sont enfuis aux Etats-Unis. Ils n’ont le droit de sortir de leur village qu’avec une autorisation des autorités locales spécifiant leur destination et la durée de leur séjour.