Eglises d'Asie

La population catholique au Vietnam progresse moins que le personnel et l’implantation sociale de l’Eglise

Publié le 18/03/2010




Voilà trois ans que, à l’occasion de l’Assemblée annuelle de la Conférence épiscopale du Vietnam, sont établies des statistiques générales de la communauté catholique à partir des rapports présentés à l’Assemblée par les ordinaires des divers diocèses. Les chiffres de l’année 2001 viennent d’être connus (1). Cette année encore, les observateurs ne vont pas manquer de s’étonner devant le nombre anormalement bas de fidèles (2). Il est de 5 324 132 fidèles pour une population globale que l’on estime cette année aux alentours de 80 millions d’habitants. L’effectif des fidèles ne progresse que très lentement, pas plus vite sinon plus lentement que la population globale du Vietnam. Le nombre des catholiques était de 5 080 487 en 1999 (soit 3 millions de moins que l’estimation officielle généralement citée à l’intérieur comme à l’extérieur du Vietnam). Il avait progressé de 169 867 unités en l’an 2000. Cette année, le nombre supplémentaire de catholiques par rapport à l’an passé n’aura été que 73 778. Si l’on se rapporte à la population globale du Vietnam, on s’aperçoit que la proportion des catholiques est en baisse constante : 6,86 % en 1990, 6,50 % en l’an 2000 et légèrement moins cette année. Personne ne peut encore dire s’il s’agit d’une effective régression ou stagnation de la population catholique au Vietnam ou d’une imprécision des chiffres due au manque de technicité des outils statistiques de l’Eglise du Vietnam.

Par contre, la progression du personnel d’Eglise ne fait que s’accentuer et le nombre de candidats au sacerdoce ou à la vie religieuse en attente d’être accueillis dans les diverses maisons de formation donne à penser que la courbe risque d’être longtemps ascendante. Il y a eu cette année cent nouveaux prêtres pour tout le pays contre trente décès de prêtres. Les séminaristes sont au nombre de 1 362, soit 231 de plus que l’an dernier. Les statistiques mentionnent 400 candidats officiels au séminaire. En réalité, ils sont plusieurs milliers qui d’une façon ou d’une autre essaient d’acquérir une formation pouvant conduire au sacerdoce.

L’étude des statistiques présentées cette année conduit à des remarques fort intéressantes en ce qui concerne la vie religieuse et la reprise de l’implantation sociale de l’Eglise catholique. Le tableau statistique fait apparaître que les congrégations religieuses masculines ne se sont pas encore véritablement réinstallées dans le nord, depuis la fin des années cinquante, époque à laquelle elles sont massivement descendues dans le sud. Les diocèses du nord ne déclarent que 13 religieux “officiels”, 10 à Phat Diêm et 3 à Hanoi, alors que le nombre total de religieux pour le Sud-Vietnam est de 1 511. Il est encore pratiquement impossible à la plupart des ordres religieux de fonder des communautés au Nord-Vietnam. La situation est assez différente pour les congrégations féminines qui se développent indéniablement dans les diocèses du nord, puisque le nombre total des religieuses y atteint 1 236, plus de 8 500 de moins qu’au sud.

Les statistiques de 2001 soulignent également le retour réel, quoique encore très discret, de l’Eglise catholique sur la scène sociale vietnamienne. Il se manifeste par le nombre imposant d’écoles maternelles tenues la plupart du temps par des religieuses à travers tout le pays. Certains diocèses en ont ouvert un nombre impressionnant ces dernières années. Il y en a 140 à Huê, 181 à Hô Chi Minh-Ville, 93 à Xuân Lôc. Parmi les autres établissements éducatifs tenus par l’Eglise catholique, on trouve une cinquantaine d’écoles professionnelles et 23 institutions pour handicapés.