Eglises d'Asie

Le Bureau gouvernemental des produits pharmaceutiques demande le retrait d’une pilule contraceptive estimée dangereuse pour ses effets abortifs

Publié le 18/03/2010




Le Bureau gouvernemental de l’alimentation et des produits pharmaceutiques demande le retrait d’une pilule contraceptive qu’il estime dangereuse à cause de ses effets abortifs. Le directeur du Bureau, William Torres, a annoncé le 19 novembre que son administration avait recommandé au ministère de la Santé de faire suspendre la distribution, la vente et l’utilisation du Postinor après que ses experts ont certifié que ce produit destiné à empêcher l’œuf fécondé de se fixer à la paroi de l’utérus avait des effets abortifs. “Quand vous empêchez le nouvel être humain de se fixer dans l’utérus, la grossesse est interrompue et l’avortement déclenché”, a précisé le Collège philippin de la médecine pharmaceutique, consulté à ce sujet par l’administration. L’ordre de retrait devait être publié “sous peu”, a précisé William Torres à la mi-novembre.

L’avortement est illégal aux Philippines et la Constitution de 1987 fait obligation à l’Etat d’accorder “une égale protection à la vie de la mère comme à la vie de l’enfant à naître après sa conception”. Le Postinor est un produit fabriqué par une firme hongroise, Gedeon Richter. Chaque pilule contient 0,75 milligrammes de lévonorgestrel, un progestogène synthétique, d’où son surnom de “pilule du lendemain”. D’après sa documentation, le Prostinor est un “contraceptif d’urgence” qui prévient la grossesse s’il est pris dans les 72 heures qui suivent le rapport sexuel. Le viol, l’absence de contraceptif ou l’échec d’une méthode contraceptive sont cités parmi “les cas d’urgence”.

Le Bureau gouvernemental de l’alimentation et des produits pharmaceutiques avait autorisé l’importation du Postinor par la société Euro Generics International Philippines en avril 2000. Il a été distribué aux Philippines par Zuellig Pharma Corporation. William Torres a expliqué que le fait que Postinor soit abortif “n’avait pas posé de problèmes” sous la présidence d’Estrada mais que la présidente Gloria Macapagal-Arroyo “menait une politique différente”. Après son entrée en fonction en janvier, Arroyo avait indiqué que son gouvernement était ouvert aux techniques de planning familial applicables dans le contexte social philippin, désignant implicitement les méthodes naturelles. En mai dernier, la fondation non gouvernementale Abaypamilya ( Défense de la famille’) demandait au ministère de la Santé de rappeler le Postionor. Le ministre de la Santé, Manuel Dayrit, demanda alors au Bureau gouvernemental de l’alimentation et des produits pharmaceutiques “de prendre toutes les mesures nécessaires pour le rappel immédiat du Postinor » dont le caractère abortif était prouvé. Dans ces recommandations, le Bureau citait la Société d’obstétrique et de gynécologie philippine qui affirme qu’un progestogène comme le Postinor n’évite pas la fécondation mais empêche l’implantation de l’œuf fécondé dans l’utérus.

La Conférence épiscopale philippine dans sa directive de 1990 sur le contrôle de la croissance démographique avait désigné les méthodes naturelles comme “les seules méthodes moralement acceptables pour la pratique d’une procréation responsable” (1Sous la présidence d’Arroyo, et d’après un responsable de la Commission pour la démographie, les experts du contrôle démographique sont attentifs à ce que cette maîtrise soit “adaptée à certaines cultures et pratiques traditionnelles”. Ignatio Arat, directeur de la Commission pour Mindanao, a déclaré lors d’un forum à Davao en octobre dernier que le gouvernement ne chercherait pas querelle à l’Eglise sur des questions de planning familial.