Eglises d'Asie

Les dispositions relatives à l’euthanasie dans le code d’éthique médicale récemment adopté soulèvent des controverses

Publié le 18/03/2010




Des controverses se sont élevées à propos de l’euthanasie en Corée du Sud après l’adoption par les médecins d’un nouveau code de déontologie leur permettant de renoncer à des traitements visant à prolonger la vie de patients en phase terminale (1). L’Association coréenne des médecins (KMA), qui regroupe la majorité des médecins sud-co-réens, a publié le 15 novembre ces nouvelles directives. Le ministère de la Santé a immédiatement prévenu que les médecins qui suivraient ces nouvelles directives s’exposaient à des poursuites judiciaires, y compris pour meurtre.

Les nouvelles directives de la KMA stipulent que les médecins peuvent interrompre le traitement en phase terminale des patients qui en feraient la demande, soit directement soit par l’intermédiaire de leur famille. Or, la loi en Corée du Sud proscrit toute forme d’euthanasie. “Nous avertissons les médecins qu’ils risquent d’être poursuivis pour meurtre s’ils mettent fin à la vie des patients quelles que soient les circonstances”, a déclaré Park Ki-jun, du bureau responsable de la politique médicale au ministère de la Santé et des Affaires sociales. Il a précisé que le ministère demanderait à la KMA de réviser ses directives. Mais le porte-parole de la KMA, Choo Soo-ho, a rétorqué qu’“il ne s’agissait pas de permettre l’euthanasie telle qu’elle est interdite par la loi, mais seulement de conseils donnés aux médecins de respecter le désir du patient ou de sa famille quand tout espoir de survie a disparu”. Le nouveau code de déontologie stipule toujours, comme auparavant, que l’euthanasie est interdite, affirme Choo.

La difficulté vient du fait que peu de Coréens semblent établir une distinction entre l’euthanasie légalement interdite et celle que la KMA affirme être légitime. Les controverses ne se limitent d’ailleurs pas au seul problème de l’euthanasie. Les nouvelles directives de la KMA, en effet, autorisent les médecins à entériner la mort clinique d’un patient à partir du moment où son cerveau a cessé de fonctionner. Ce qui est en contradiction directe avec la loi. En Corée du Sud, déclarer légale la mort d’un patient à partir d’un encéphalogramme plat n’est autorisé que dans le cas d’un prélèvement d’organe en vue d’une transplantation, avec l’autorisation de la famille et uniquement dans ce cas précis. Le nouveau code de la KMA appelle donc à un élargissement de la notion de “mort cérébrale”. Le porte-parole de la KMA, le même docteur Choo, admet que ces nouvelles directives vont à l’encontre de la loi, mais, ajoute-t-il, “beaucoup de médecins se sentent prisonniers d’un dilemme, pris qu’ils sont entre cette loi ancienne et les impératifs du travail hospitalier. Nous espérons que la mort cérébrale sera reconnue par la loi”. Cependant, précise-t-il, les directives du nouveau code ne sont que “des indications et non des ordres”. Quoique sans force contraignante, le code de déontologie de la KMA aura sans aucun doute un grand impact puisque 80 % de 80 000 médecins de la Corée du Sud en sont membres actifs. Ses directives recommandent également une approche prudente mais élargie de l’avortement, allant ainsi au-delà de la loi qui ne les autorise que dans le cas d’un viol ou d’une malformation.