Eglises d'Asie

L’état d’urgence en vigueur dans le pays et la grève générale décrétée par les maoïstes rendent la vie quotidienne difficile aux catholiques comme au reste de la population

Publié le 18/03/2010




En vigueur dans tout le pays depuis le 26 novembre dernier (1), l’état d’urgence affecte dans une grande mesure la vie de la population népalaise. Outre les limitations aux libertés de la presse et d’expression, la difficulté des déplacements complique la vie des gens ainsi que celle de l’Eglise. Dans plusieurs parties du royaume, un couvre-feu nocturne a été décrété et seules les personnes munies d’une carte d’identité peuvent circuler. “Les pauvres n’ont pas de papiers d’identité et, de ce fait, sont dans l’impossibilité de se déplacer dès la nuit tombée”, souligne Jyoti Khanal, vice-présidente de la Caritas locale qui ajoute que le prix des denrées de base a nettement augmenté, les moyens de transport, les camions en particulier, étant en partie réquisitionnés par l’armée. De plus, depuis que les insurgés maoïstes ont appelé à une grève nationale le 7 décembre, la plupart des écoles catholiques, à quelques exceptions près, ont fermé leurs portes – comme les autres écoles.

Dans le district de Palpa, au sud-ouest du pays, les sœurs de la Charité ont gardé leur école ouverte à Tansen, mais, comme le précise la supérieure, “seuls deux ou trois élèves sont venus étant donné que les parents ont peur”. Dans l’est du pays, à Damak, la principale de l’école tenue par les sœurs de Cluny s’interroge sur la poursuite de l’activité de son établissement. Jyoti Khanal, de Caritas, responsable d’un internat à Katmandou, rapporte que celui-ci est fermé depuis le 7 décembre. “Je pourrais demander et obtenir la protection de l’armée pour le maintenir ouvert mais ce serait en faire une cible pour les maoïstes”, rapporte-t-elle. Dans la capitale, Caritas Nepal n’a pu réunir suffisamment de délégués pour mettre au point le rapport qui doit être présenté sous peu au “Second congrès mondial pour combattre l’exploitation sexuelle des enfants”, à Yokohama, au Japon.

De Katmandou, le P. Joseph Thaler, membre de la société missionnaire des Maryknoll, n’a pas renoncé à voyager en moto pour aller dire la messe à des religieuses installées à Gorkha, située à 140 km à l’ouest de Katmandou. Dans la région autour de Gorkha, l’armée a récemment lancé des opérations appuyées par des hélicoptères contre des bases maoïstes. Depuis le début de l’année, les religieuses ont été contraintes à maintenir les portes de leur école fermées. “Rien n’est vraiment sûr ces jours-ci. Tout le monde me déconseille d’aller jusqu’à Gorkha”, rapporte le P. Thaler.

Non loin de la cathédrale de l’Assomption à Katmandou, Ganesh Parajuli abrite son épouse et ses trois enfants dans un modeste appartement où ses enfants se sentent comme “confinés”. “Ce temps de l’Avent ressemble de plus en plus à un temps de Carême”, confie-t-il. Pour ce pays dont l’économie dépend en bonne partie des revenus tirés du tourisme, la chute – près de 50 % – du nombre des étrangers en visite dans le royaume représente un vrai problème. “Nous vivons un des scénarios les plus défavorables à notre industrie”, commente Celestina Subba, agent de voyage.

Le 4 décembre, Khum Bahadur Khadga, ministre de l’Intérieur, a déclaré que les opérations de l’armée dureraient encore six mois, le temps pour les maoïstes d’épuiser les munitions qu’ils ont pu piller dans les dépôts de la police ou de l’armée lors de l’offensive déclenchée le 23 novembre dernier. Selon un communiqué du ministère de la Défense du 9 décembre, 50 rebelles maoïstes et quatre soldats de l’armée ont été tués à Ratmate, dans l’ouest du pays (district de Rolpa), lors de récents et violents accrochages.