Eglises d'Asie

A Tôkyô, la Cour suprême a confirmé la peine capitale pour le co-fondateur de la secte Aum

Publié le 18/03/2010




La Cour suprême de Tôkyô a confirmé la peine capitale à l’encontre d’un des membres fondateurs de la secte “Aum, suprême vérité” pour le meurtre de quatre personnes dont un avocat opposé à la secte, sa femme et leur enfant. “Ce fut un crime cruel et brutal qui foulait aux pieds la conception d’une société fondée sur le droit”, a déclaré le juge Yoshimasa Kawabe, en rejetant l’appel déposé par les avocats défenseurs de l’accusé, Kazuaki Okazaki, 41 ans. Celui-ci, vêtu d’une veste beige, les yeux baissés, n’a exprimé aucune réaction à l’énoncé du verdict.

La peine de mort infligée à Okazaki est la première décrétée contre un membre de cette secte “du dernier jour responsable d’une attaque au gaz sarin dans le métro de Tôkyô en mars 1995, tuant 12 personnes et en intoxicant plusieurs milliers d’autres. Les défenseurs d’Okazaki ont fait valoir qu’il était “sous contrôle psychologique”, à la merci du principal gourou de la secte, Chizuo Matsumoto, mieux connu sous le pseudonyme de Shoko Asahara, encore en examen. Le juge, Yoshimasa Kawabe, a rejeté cet argument : « L’accusé croyait en la doctrine de Matsumoto et c’est volontairement qu’il a obéi aux ordres. Je ne nie pas que l’échelle des valeurs de l’accusé ait été sous influence à l’époque, mais c’est ce qu’il cherchait”. Les avocats ont aussi argué que la confession des crimes commis méritait un peu de clémence mais Kawabe a fait remarquer que l’accusé avait nié toute participation pendant cinq ans et demi et souligné que les meurtres avaient été planifiés par lui : “Depuis la préparation jusqu’à la destruction des preuves, l’accusé s’est entièrement impliqué et a joué un rôle majeur dans ces crimes. Même en me souvenant de sa contribution dans la découverte de la secte et de ses remords, je dois dire que la peine capitale n’est pas trop sévère”.

Okazaki a reconnu que lui et cinq autres membres de la secte, sur l’ordre de Matsumoto, s’étaient glissés en pleine nuit, à Yokohama, au domicile de l’avocat anti-secte, Tsutsumi Sakamoto, 35 ans, l’avaient tué, lui, sa femme Satoko, 29 ans, et leur bébé d’un an, Tatsuhiko, en novembre 1989. Taro Takimoto, un des anciens compagnons de Sakamoto et membre du groupe des avocats au service des victimes de la secte, a déclaré espérer voir Okazaki faire appel de ce jugement pour cause d’irresponsabilité et conséquence du lavage de cerveau subi : “Ce qu’a fait Okazaki est impardonnable mais je pense que ce crime a été commis par quelqu’un dont on avait conditionné le cerveau pour faire de lui un enfant. Je ne souhaite pas pour lui la peine capitale”. En février 1989, Okazaki avait aussi tué Shuji Taguchi, 21 ans, qui voulait quitter la secte après avoir été témoin d’un autre meurtre commis par elle. Une année plus tard, Okazaki lui-même s’enfuyait avec 1,8 million dollars US pris dans la caisse de la secte mais, arrêté, ne révéla ses activités à la police qu’un mois seulement après l’attaque au gaz sarin.

Les plaignants de ce premier jugement font valoir que si Okazaki avait parlé plus tôt, il aurait pu mettre fin à l’escalade criminelle et éviter l’agression mortelle du métro qui a stupéfié le monde entier. Okazaki avait rejoint le groupe qui devait devenir la secte Aum en 1985. Il en devint l’un des “illuminés juste au-dessous de Matsumoto et de sa maîtresse Hisako Ishii.