Eglises d'Asie – Indonésie
Célèbes : après la flambée de violence de la fin du mois de novembre 2001 à Poso et sa région, chrétiens et musulmans s’entendent pour cesser les hostilités et bâtir la paix
Publié le 18/03/2010
Rédigé en dix points, le texte de la « Déclaration de Malino » a été mis au point par 25 musulmans et 23 chrétiens, responsables religieux, chefs coutumiers de chacune des deux communautés ou commandants des milices musulmanes et chrétiennes locales. Il spécifie que Poso et ses environs font partie intégrante de l’Indonésie et que tous les citoyens indonésiens ont par conséquent le droit d’y vivre et d’y aller et venir de manière pacifique et dans le respect des coutumes locales. Les deux parties s’engagent à cesser les massacres mutuels, à restaurer la paix et à respecter la religion de l’autre. Deux commissions seront mises en place dans un avenir proche – l’une pour la loi et l’ordre, l’autre pour les questions économiques et sociales. Un ordre du jour précis a été arrêté pour certaines choses, comme la publicité de la Déclaration avant le 6 janvier 2002 ou le retour des réfugiés chez eux au plus tard le 7 mars 2002. D’autres objectifs ont été mis en avant mais sans que des dates en soient fixées, dans le domaine du développement économique en particulier.
Sept médiateurs ont assisté à la signature de la Déclaration ainsi que 24 observateurs issus du monde religieux, intellectuel ou gouvernemental. Pour le monde religieux se trouvaient Din Syamsudin, du Conseil indonésien des oulémas (MUI), le révérend Natan Setiabudi, de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, Mgr John Liku Ada, évêque de Makassar et représentant de la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie. Outre Mgr Liku Ada, l’Eglise catholique était représentée par Mgr Joseph Suwatan, de Manado, et deux prêtres ; l’un d’eux, le P. Jimmy Tumbelaka, de la paroisse Sainte-Thérèse à Poso, a déclaré que la Déclaration recevait son plein soutien « mais que ce qui importait dorénavant était son application sur le terrain ». Mgr Liku Ada a fait preuve du même optimisme raisonné : « Je suis optimiste sur le succès de cette Déclaration si les deux parties se montrent véritablement fidèles à leurs engagements. Chacune des deux parties doit faire confiance à l’autre et refuser de donner prise à la provocation », a-t-il précisé. L’optimisme mesuré des responsables catholiques s’explique en partie du fait que cette Déclaration représente le cinquième accord que musulmans et chrétiens signent depuis le début des troubles à Poso.
Pour les signataires chrétiens et musulmans de la Déclaration, l’optimisme était de mise. Le musulman Ustadz Yahya Alamrie, de Poso, a déclaré que « les musulmans de Poso demandent pardon aux chrétiens. Rebâtissons l’unité sur notre terre ! » Le révérend Simon Pelima, du Synode des Eglises chrétiennes de Célèbes-Centre, a répondu en présentant les excuses des chrétiens aux musulmans de Poso. « Cette Déclaration doit aussi être comprise comme un message à tous les étrangers à la région que les gens à Poso désirent vraiment la paix », a-t-il ajouté, faisant sans doute allusion aux membres du Laskar Jihad présents à Poso et ses environs depuis le mois de juillet dernier et que les chrétiens rendent responsables de la récente flambée de violence. La Déclaration de Malino ne dit rien au sujet de la présence des membres du Laskar Jihad à Poso, ni de leur éventuel départ de l’île de Célèbes.