Eglises d'Asie

Les dirigeants chrétiens s’opposent à une loi demandant aux institutions religieuses de rendre publics leurs rapports financiers annuels

Publié le 18/03/2010




Une délégation œcuménique, composée d’une centaine de dirigeants catholiques et protestants, a rencontré, le 6 décembre dernier, le Premier ministre Atal Behari Vajpayee pour lui demander de supprimer le texte législatif exigeant des institutions religieuses qu’elles rendent publics leur rapports financiers annuels. En effet, la loi de finances pour l’année 2001 demande aux institutions religieuses dont le chiffre d’affaires dépasse la somme de 10 millions de roupies (209 000 dollars) de publier leurs comptes annuels dans la presse locale, pour en garantir la transparence.

Une lettre remise au Premier ministre au nom de la délégation par Mgr Oswald Gracias, président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, fait remarquer que cette publication des comptes serait une invitation ouverte à augmenter leurs exigences pour les différentes guérillas sévissant en divers lieux et coutumières de l’extorsion des fonds des institutions d’Eglise. La lettre rappelle au chef du gouvernement les attaques et les demandes de fonds subies par les dirigeants chrétiens en divers lieux du pays. Quelques-uns d’entre eux sont morts, cette année même, dans le Manipur et le Tripura, pour avoir refusé de payer les sommes exigées d’eux par la guérilla. La disposition de la loi de finances ne peut qu’affecter les activités de l’Eglise, lui créer de sérieux problèmes et, en dernier ressort, causer de nombreux désagréments aux institutions d’Eglise tout en embarrassant fortement le gouvernement. La lettre affirme que la transparence de la comptabilité est déjà assurée puisque toutes les institutions religieuses sont soumises au contrôle des comptes qui peuvent être vérifiés par le gouvernement à tout moment. Par ailleurs, les sommes dépensées pour la publication des comptes seraient mieux utilisées si elles étaient consacrées au soutien des plus démunis.

Selon des informations fournies par le porte-parole de la Conférence épiscopale, le P. Donald de Souza, le Premier ministre aurait donné à la délégation l’assurance que la législation actuelle serait remise à l’étude. Cependant, nombre d’organisations hindoues soutiennent cette disposition de la loi de finances, arguant que les fonds étrangers qui parviennent aux établissements chrétiens sont destinés à financer les conversions.

Une autre disposition législative a été mise en cause par un mémorandum soumis au chef du gouverne-ment par le Conseil chrétien pan-indien. Il s’agit du projet de loi destiné à restreindre le montant des fonds étrangers reçus par les organisations privées et les religions minoritaires. Le gouvernement a en effet proposé de remplacer un décret de 1976 réglementant les contributions étrangères par une nou-velle loi, beaucoup plus stricte. Cette dernière obligerait toutes les organisations et individus voulant recevoir des contributions financières venant de l’étranger à solliciter un numéro de compte spécial et à obtenir une autorisation du gouvernement (1). La nouvelle loi exigerait de ceux qui reçoivent des fonds de l’étranger de produire une attestation préfectorale sur la nature des activités du demandant.