Eglises d'Asie

Moluques : neuf chrétiens tués aux abords d’Amboine

Publié le 18/03/2010




Le 19 décembre, une embarcation hors-bord partie de Galala, à l’est de la ville d’Amboine, et se rendant à Benteng / Gudang Arang, dans la partie ouest du chef-lieu de la province des Moluques, a été prise pour cible par des assaillants alors qu’elle passait à la hauteur de Kapaha / Batumerah, quartier de la ville dominé par les musulmans. Sur les onze occupants de l’embarcation, neuf ont été tués, des femmes pour la plupart qui allaient vendre leurs fruits et légumes sur les marchés d’Amboine.

Selon le Centre de crise du diocèse catholique d’Amboine qui rapporte la nouvelle, il était 6 h 20 du matin lorsque le Haturua est parti de Galala. A cette heure de la journée, les membres des forces de l’ordre qui habituellement prennent place à bord de ce type d’embarcations pour assurer la sécurité des passagers ne sont pas encore en poste, leur service ne commençant qu’à partir de 7 h du matin. Arrivés à la hauteur de Kapaha / Batumerah, les passagers du hors-bord ont dans un premier temps essuyé des coups de feu tirés depuis la rive, puis, dans un deuxième temps, une embarcation rapide en provenance de Wayame, sur la rive opposée, s’est portée à leur rencontre, ses occupants ouvrant le feu. Le barreur du Haturua a été tué en premier, laissant le bateau sans personne pour le manœuvrer. Huit autres occupants du bateau ont été abattus à bout portant, d’une balle dans la tête. Seul un seul des deux survivants s’en est tiré indemne, le second ayant été grièvement blessé. Selon le Centre de crise, les armes utilisées étaient des armes militaires.

Quelques heures plus tard, le révérend I. W. J. Hendriks, responsable du Synode des Eglises protestantes des Moluques, est allé s’asseoir pour prier dans la position du lotus devant les bureaux du gouverneur de la province, sous le drapeau indonésien. Par ce geste, il a voulu signifier aux Amboinais que la violence n’était pas une solution et qu’à la violence d’un camp ne devait pas répondre la violence des autres. Sorti pour embrasser le pasteur protestant, le gouverneur s’est fait huer par la petite foule rassemblée là, les manifestants dénonçant son inaptitude à gérer la situation de crise qui est celle des Moluques depuis deux ans.

Pourtant, la période sensible marquée par la fin du ramadan (Fitri dans la nuit du 16-17 décembre) et la nuit de Noël s’est passée dans un calme relatif aux Moluques où les deux communautés musulmane et chrétienne vivent séparées et évitent au maximum les contacts.