Eglises d'Asie

Papouasie occidentale : tandis que la tension monte entre les indépendantistes et les forces de l’ordre, les responsables religieux demandent que soit élucidée la mort de Theys Eluay

Publié le 18/03/2010




Dès le surlendemain de la mort de Theys Eluay, leader indépendantiste dont le corps, retrouvé le 10 novembre dernier, portait des marques de strangulation, les évêques catholiques de Papouasie occidentale avaient appelé les autorités indonésiennes à mettre sur pied une commission d’enquête afin que soient retrouvés les coupables de cet assassinat (1). Au début du mois de décembre, après une première visite de cinq jours sur place, la Commission nationale des droits de l’homme, organe officiel mais indépendant du gouvernement, avait déclaré à Djakarta qu’elle allait ouvrir une enquête. Mais le 4 décembre, les principaux responsables religieux de la province se sont prononcés contre la tenue de cette enquête, mettant en cause la “crédibilité” de la Commission et réclamant la formation d’une équipe d’enquêteurs constituée d’experts indonésiens et étrangers. Outre Mgr Leo Laba Ladjar, évêque du diocèse catholique de Jayapura, le révérend Corinus Berotabui, responsable de l’Eglise évangélique papoue, le révérend John Gobay, de l’Eglise biblique indonésienne, et Zubeir D. Hussein, responsable pour la Papouasie du Majelis Ulama Indonesia (MUI, Conseil indonésien des oulémas), ont signé cette lettre.

Les religieux précisent dans leur lettre qu’ils ont pris leur décision après avoir consulté le Conseil du prasidium papou, organe fédérant les indépendantistes papous (2). Selon eux, la commission d’enquête à mettre en place ne doit comporter aucun membre des forces armées indonésiennes. A Jayapura, la tension a monté au fur et à mesure des jours et des déclarations des uns ou des autres. La police n’a pas exclu que des militaires aient été impliqués dans l’assassinat de Theys Eluay et, bien que les Kopassus, les forces spéciales de l’armée, nient toute implication, le général Endriartono Sutarto, commandant de l’armée de terre, a déclaré le 19 décembre : “Si l’un de mes hommes a fait le coup, il l’a fait sans ordres.”

Le 22 décembre, la présidente Megawati Sukarnoputri devait se rendre à Jayapura pour y présider la cérémonie marquant l’entrée en vigueur de la loi accordant une large autonomie à la province. Mais, victime d’une grippe, la présidente a annulé son voyage dans la province et l’application de la loi sur l’autonomie a été remisée sine die. Ce même jour, environ 700 manifestants, au cri de “Liberté pour la Papouasie !” ont marché des portes de l’université de Jayapura jusque devant le bâtiment de l’Assemblée territoriale locale où ils se sont heurtés à 200 policiers. Plusieurs dizaines de manifestants ont été légèrement blessés.