Eglises d'Asie

Aceh : les séparatistes musulmans ont appelé à une grève générale des transports de trois jours et les forces armées ont averti qu’elles tireraient à vue sur les éventuels fauteurs de trouble

Publié le 18/03/2010




Après des semaines où chaque jour apporte son lot de morts, la tension est montée d’un cran à Aceh, cette province du nord-ouest de Sumatra où les forces armées s’opposent violemment à un mouvement séparatiste musulman, le GAM (Mouvement pour Aceh libre), actif depuis un quart de siècle (1). Désireux d’attirer l’attention de la communauté internationale sur ce qui se passe dans leur province, les responsables du GAM ont en effet appelé à une grève générale des transports de trois jours, du 16 au 18 janvier prochain. En réponse, l’armée et la police ont annoncé que leurs forces tireraient à vue sur toute personne surprise en train d’abattre des arbres ou de brûler des véhicules pour bloquer les routes. Le 13 janvier, le général de brigade Jali Yusuf a déclaré que ses hommes “prendraient toutes les mesures nécessaires pour faire respecter l’ordre public”. Selon les dépêches d’agence, des renforts militaires ont à nouveau été acheminés à Banda Aceh, chef-lieu de la province, et les autorités ont déclaré qu’elles mettraient à contribution les camions de l’armée et de la police pour, le cas échéant, palier à la défection des transporteurs privés, au cas où ceux-ci obéissent à l’appel à la grève du GAM.

En septembre 2000, le GAM et les autorités indonésiennes étaient parvenues, pour la première fois, à un accord de cessez-le-feu, laissant entrevoir une solution politique à ce conflit meurtrier qui est à l’origine du déplacement de dizaines de milliers de réfugiés (2). Mais, quelques mois plus tard, les violences avaient repris, caractérisées, de part et d’autre, par des violations des droits de l’homme. Depuis, rejetant l’idée qu’un pays étranger puisse servir de médiateur dans ce conflit, la présidente Megawati Sukarnoputri semble avoir adopté comme politique de laisser toute latitude aux responsables de l’armée pour régler militairement le problème d’Aceh. Depuis le début du mois de janvier, il est question que les militaires rouvre un centre de commandement dans la province même d’Aceh, signifiant par là que l’armée prévoirait d’y intensifier encore ses opérations. Au milieu des années 1980, un précédent commandement militaire pour Aceh avait été fermé et fusionné avec celui de la province de Sumatra-Nord. Au cours de la seule année 2001, il est estimé que 1 500 personnes ont trouvé la mort du fait des violences à Aceh. Pour les deux seules premières semaines de l’année 2002, le nombre des morts est de 86.