Eglises d'Asie

Célèbes : l’explosion de quatre bombes la nuit de la Saint Sylvestre devant quatre lieux de culte protestant ne remet pas en cause la déclaration de paix signée entre chrétiens et musulmans

Publié le 18/03/2010




La “Déclaration de Malino”, signée quatre jours avant Noël dernier et qui a ramené le calme entre les communautés chrétienne et musulmane dans la région de Poso (1), n’a pas été remise en cause par l’explosion de quatre bombes la nuit de la Saint Sylvestre à Palu, ville située, comme Poso, dans la province de Célèbes-Centre. Les bombes, de relativement faible puissance, ont blessé légèrement un protestant et deux policiers, venus désamorcer un des engins explosifs et, à part cela, n’ont fait que des dégâts matériels. Selon des observateurs locaux, ces explosions ont certes causé une vive émotion, mais elles n’ont pas provoqué une remise en question des accords de paix entre les communautés. Partout ailleurs en Indonésie, la nuit de Noël et celle du Nouvel An se sont déroulées dans le calme. Les dizaines de milliers de policiers et de soldats déployés à travers tout le pays n’ont pas eu à déplorer d’émeutes ou de désordre particulier, à l’exception d’une grenade lancée devant un restaurant à Djakarta et qui a fait un mort.

Selon le témoignage du P. Mikhael Albron, vicaire à la paroisse catholique de Saint Paul à Palu, “les explosions de la nuit du Nouvel An se sont produites devant les églises. Les bombes étaient placées à l’extérieur des lieux de culte et ont explosé quasiment au même moment”. Les quatre églises visées appartenaient toutes à des dénominations protestantes : les Adventistes du septième jour, l’Eglise chrétienne d’Indonésie et l’Eglise pentecôtiste. Aucune revendication n’a été rendue publique pour ces attentats et le P. Albron pense que ces actes ont sans doute quelque chose à voir avec l’insatisfaction de certains groupes au sujet de la Déclaration de Malino. Dès le 4 janvier, le brigadier général Zainal Abidin Ishak, responsable de la police pour la province de Célèbes-Centre, a tenu une conférence de presse pour déclarer que, parmi les six suspects arrêtés, se trouvait un fonctionnaire du nom de Yono, de confession musulmane et signataire de la Déclaration de Malino ! Lui et les cinq autres suspects ont été arrêtés à Palu. Dans la maison louée qu’ils occupaient, la police a retrouvé du matériel pour confectionner des bombes artisanales ainsi qu’un plan où étaient marqués les 15 lieux de culte chrétien de la ville.

A la suite de ces arrestations, Nawawi Sang Kilat, un responsable musulman qui a été partie prenante des accords de Malino, a déclaré que “les membres de la Chambre des représentants de la province de Célèbes-Centre ont été outragés de ce que Yono a fait aux églises. Qui qu’il soit, quelle que soit sa religion, toute tentative visant à semer le désordre doit être condamnée. Je condamne vigoureusement de telles actions violentes”. De son côté, le révérend Bangguna, président du Forum Inter-Eglises de Célèbes-Centre, a appelé les chrétiens au calme, invitant les uns comme les autres à protéger l’unité et la paix. Le 7 janvier, dans la ville de Poso, les habitants de la ville, en présence de représentants des autorités gouvernementales, ont assisté à la destruction de 8 400 armes à feu et armes blanches, des armes remises volontairement par les belligérants respectant ainsi un des dix points de la Déclaration de Malino. Le responsable de la police indonésienne, Da’i Bachtiar, a exprimé sa satisfaction à cette occasion, précisant toutefois qu’il était regrettable que ceux qui détiennent des armes automatiques (fusils mitrailleurs et autres) n’aient pas – encore – cru bon de venir les remettre. Selon les accords de paix, les habitants de la province ont jusqu’au 7 février pour venir déposer leurs armes.