Eglises d'Asie

Face aux blessures nées du passé entre les deux pays et à la “remilitarisation” actuelle du Japon, des groupes de chrétiens japonais expriment leur solidarité à l’égard des Coréens

Publié le 18/03/2010




Des groupes de chrétiens japonais ont exprimé leur solidarité et demandé pardon aux chrétiens coréens alors qu’eux-mêmes sont inquiets face à ce qu’ils perçoivent comme étant les signes avant-coureurs d’une “remilitarisation” du Japon. Dans une déclaration commune publiée à l’issue de leur visite en Corée du Sud en décembre, dix-huit délégués de onze groupes protestants et catholiques japonais ont demandé pardon pour l’occupation japonaise de la Corée, cause de « beaucoup de souffrances”. La colonisation japonaise de la péninsule coréenne a duré de 1910 à 1945. Les délégués japonais ont aussi juré de ne jamais oublier “le martyre enduré par le peuple coréen” durant cette période. Ils ont également exprimé leur regret de savoir que des chrétiens coréens avaient été forcés de s’incliner devant les dieux des temples shinto, soulignant que cela avait été “un péché contraire à l’enseignement de la Bible”. “Nous, chrétiens japonais, ne pouvions empêcher que cela ne se produise. Nous n’avons pas été fidèles à la Parole de Dieu qui dit : Tu ne serviras pas d’autres dieux que moi’ et Aime ton prochain comme toi-même'”. Par cette déclaration commune, les chrétiens japonais reprochent également à leur propre gouvernement le récent envoi des Forces d’autodéfense à l’étranger. “Ces tentatives de militarisation devraient être stoppées. Nous devons continuer à lutter contre les tendances du Japon d’aujourd’hui qui semble avoir oublié les erreurs du passé et le sens du mot paix”, écrivent-ils.

La déclaration propose de réduire les tensions occasionnées par la reconnaissance officielle comme symboles nationaux du “Hi no maru”, le drapeau du Soleil levant’, et de l’hymne “Kimi ga yo” ( Le règne de sa majesté’). Le drapeau avec son disque rouge sur fond blanc et l’hymne sont historiquement liés à l’impérialisme japonais de la première moitié du XXe siècle et n’avaient pas été repris dans la Constitution adoptée après-guerre. Les délégués ont également stigmatisé l’approbation par le gouvernement japonais des manuels scolaires d’histoire minimisant à l’excès les atrocités commises par l’armée impériale en Asie durant la guerre (1). En août dernier, le Premier ministre Koizumi fut le second Premier ministre à se rendre en pèlerinage au temple shintoïste de Yasukuni où sont honorés les morts de la guerre (2). Parmi eux figurent toujours en bonne place les noms de responsables militaires exécutés comme criminels de guerre. La Chine et la Corée du Sud, les deux voisins les plus concernés par le passé militaire du Japon, avaient l’été dernier protesté avec vigueur contre cette visite (3).

Mgr Goro Matsuura, évêque auxiliaire d’Osaka, qui faisait partie de la délégation, a indiqué combien la visite des délégués chrétiens japonais en Corée du 3 au 5 décembre 2001 avait été une réussite. “C’était une bonne occasion de se rencontrer les uns et les autres, même d’un simple point de vue œcuménique. J’y ai appris, par exemple, que les protestants coréens travaillaient assez peu avec les bouddhistes et les catholiques”, a déclaré le président de la Commission Justice et paix’. Parmi les signataires de la déclaration se trouvent le Conseil national chrétien du Japon, plusieurs groupes baptistes et anglicans, la Commission Justice et paix’ de l’épiscopat catholique japonais et l’Eglise chrétienne coréenne du Japon.