Eglises d'Asie

Gujarat : pour la première fois depuis trois ans, les chrétiens du district de Dangs ont fêté Noël dans la tranquillité

Publié le 18/03/2010




Pour Ratnakar Pawar, qui est âgé de 42 ans et appartient à une ethnie minoritaire du district de Dangs dans le Gujarat, c’est la première fois, cette année, qu’il a célébré Noël dans son village sans crainte que n’éclate, à cette occasion, quelque violence anti-chrétienne. Il avait rejoint une Eglise protestante, il y a trois ans, en 1998, quelque temps avant Noël. Les fêtes de la nativité, cette année-là, avaient coïncidé avec le début d’un déploiement considérable de violences dirigées contre les communautés chrétiennes locales. Pour la seule période du 24 décembre au 31 décembre 1998, les chrétiens de l’Etat, en particulier ceux des districts de Dangs et de Surat, avaient subi quelque 30 attaques (1). Depuis lors, l’Etat du Gujarat a été le théâtre de 200 attaques anti-chrétiennes, généralement attribuées à des fondamentalistes hindous. Si bien que, pour les chrétiens indigènes, l’époque de Noël était devenue une période particulièrement redoutée au cours de laquelle ils redoublaient de vigilance.

Or, selon les déclarations du nouveau converti ainsi que les témoignages de nombreux chrétiens lo-caux, cette année, des milliers de chrétiens autochtones ont pu se rassembler et célébrer les fêtes de la nativité pacifiquement et sans effroi. On rapporte qu’un chrétien protestant d’un village perdu du dis-trict de Dangs, craignant que les habituelles violences de Noël ne se répètent cette année encore, avait quitté son habitation quelques jours avant la fête pour rejoindre une église située dans une zone plus sûre à 55 km de chez lui. Il y avait dormi deux nuits pour être certain d’avoir une place pour les cérémonies de Noël. A son retour dans son village, il a appris que rien ne s’y était passé et que son voyage avait donc été inutile.

Pourtant, au mois d’octobre dernier, on avait pu craindre un regain de violence avec la nomination comme ministre-président de l’Etat de Narendra Modi, membre du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), considéré comme un fervent partisan du nationalisme hindou. Or, dès le début, l’attention du nouveau responsable de l’Etat, au lieu de se porter sur les questions religieuses et politi-ciennes, a été complètement accaparée par les travaux d’infrastructure, l’éducation et la participation de la population aux programmes de développement. Un responsable de l’Eglise du Nord de l’Inde (protestante), T.V. Gaikwad, a, lui aussi, confirmé la tranquillité revenue dans la région au cours de l’année dernière et affirme avoir accueilli avec joie le changement de personnalité à la tête de l’Etat.

Même Jaideep Patel, secrétaire général du Vishwa Hindu Parishad (Conseil hindou mondial, VHP) pour l’Etat du Gujarat, s’est réjoui en constatant qu’aucun incident anti-chrétien n’avait été noté dans la région pendant l’année 2001. Il continue cependant à nier que son groupe ait été impliqué dans les attaques des années précédentes. Selon lui, jamais son association n’a cherché à interrompre ou troubler les cérémonies religieuses. Elle a été gravement diffamée par la presse et l’opinion publique. Il a cependant reconnu que le groupe qu’il dirige ne nourrit pas de sympathie pour les missionnaires et les méthodes utilisées par eux pour s’attirer des conversions.